ill aux iles ? jamais
Des ailes aux îles.
Bon, il faut bien l’avouer, je me suis trouvé assez réticent à l’écriture de quelque chose afin de parler de mon week-end passé aux îles åland. Je sais pas si c’est la victoire de Sarkozy qui m’a refroidi dans mes envies d’écrire mais, je sais pas, pas l’envie d’écrire tout simplement. Et pourtant il en faudrait de l’envie d’écrire, de l’envie de culture d’une manière générale, à l’heure où le nouveau président prend ses marques et où les premières mesures pointent le bout de leur nez, comme la probable disparition du ministère de la culture. Et oui, Sarkozy veut réformer l’Etat, réduire les postes et donc veut commencer tout cela par l’organisation des ministères qui seraient regroupés. Dans ce cadre, la culture serait[1] rattachée à l’éducation nationale, pour souligner le rôle de l’école dans l’éducation artistique. Alors pourquoi pas, mais c’est le ministre de l’éducation qui va s’occuper du dossier des intermittents ? (remarquez, ça va aussi simplifier les manifs tout ça : il y aura moins de ministres à huer et critiquer dans les manifs). La culture a certainement des rapports avec l’éducation nationale, mais la culture est un secteur à part entière. Mais, bon, tout cela n’est pas le propos ( « le journal des héros »)de mon texte, même si il se pourrait que j’égrène quelques critiques de Sarkozy au fil des lignes de ce texte.
Alors voilà, le week-end dernier[2], je m’apprêtais à réaliser un des voyage en Finlande qui me tenait à cœur depuis quelques mois déjà ( j’y avais déjà songé pour les derniers beaux jours de septembre, de cet été tardif. Mais ça n’avait pu se faire donc cela avait été repoussé pour l’été précoce que l’on a en ce moment). Mais parler de Finlande, est-ce réellement approprié dans le cas de ces îles ? Oui, faisons un peu de culture générale nordique : les îles åland font bel et bien parti de la Finlande, mais ses habitants sont suédophones. Il se trouve que par une grande étrangeté, la Société des Nations a décidé de confier ces îles à la Finlande en 1921. Certes, ces îles étaient bien partie du grand-duché de Finlande, celui rattaché à l’empire russe, mais ses habitants avaient fait la demande par pétition d’être rattachés à la Suède. Mais la SDN, pourtant si attaché au droit des peuples à disposer d’eux-même, conserva l’allégeance des îles à la Finlande, avec tout de même comme bémol, un statut d’autonomie assez important. Ainsi, sur les îles, on a ses propres lois (comme celle qui interdit de fumer dans les bars ce qui est le cas également en Suède mais pas en Finlande), ses propres impôts et taxes ( qui financent donc toutes les activités locales, les routes et les ferries qui, tels une continuation de la route, relient toutes les îles entre elle, et tout cela gratuitement !). Donc voilà pour la partie politique des îles.
Notre politique à nous ( 4 français, Anne-Laure, Maud, Antoine et Moi ainsi qu’un italien, Andrea), c’était plus le tourisme. Dans mes idées, de « tourisme autrement », j’avais proposé que nous visitions à vélo, ce qui était en fait confirmé par des guides touristiques. Donc finalement, même pas moyen de s’établir en rebelle du tourisme en la matière. Il faut bien avouer que les îles ne sont pas très grandes, très plates et terriblement agréables. Donc tout cela, en fait évidemment, un terrain propice au cyclo-tourisme. Seulement voilà, une nouvelle fois, tout cela allait encore révéler une nouvelle carence sociale de mon personnage, une nouvelle inadaptation sociale : le projet proposé, à mes yeux, me paraissaient plus qu’envisageable. Mais il s’est avéré qu’il ne l’était pas pour tous. Mais je pense que je reviendrais sur cette question plus tard, puisque finalement c’est cela qui aura fait tout le charme du week-end.
L’arrivée sur l’île
Je ne dirais pas que cette arrivée sur l’île ressemblait note pour note à celle de Yann Tiersen, mais elle était pleine d’enthousiasme, de doux bonheur, de celui qu’on a quand on a l’impression de partir pour le bout du monde. Et c’est vrai que ces immenses bateaux faisant la liaison entre Turku et Stockholm peuvent bien souvent donner cette impression, celle d’avoir fait une longue et délicieuse croisière pour poser l’ancre et les valises sur une île paradisiaque. Et pour l’être paradisiaque, l’île, elle peut l’être. En tout cas pour moi. Ce n’est sans doute pas le paradis de beaucoup de personnes, toutes celles qui par défaut de pouvoir trouver ce paradis, ont choisi l’enfer des embouteillages de la côte d’azur, de ceux qui rêves « des îles » sans ailes, parce que ce sont de celles où l’on n’y fait rien. Qu’elles soient Dominique, Ibiza ou Maurice[3], elles sont de celles qui sont belles mais nous ennuient. Mais qu’on ne se méprenne pas sur mon combat : je ne combats pas ces îles en elle-même mais l’image que l’on en a fait, l’image qui désormais les résume. Alors que je suis sûr que bien d’autres choses que le tourisme unidirectionnel qui y a été proposé y sont possibles. C’est entre autre en ce sens que j’aime ces îles åland : aucun réductionnisme touristique : tout y est possible ou presque ( oui, parce que si vous y venez, pour le shopping, vous pouvez faire vos valise avant même de les avoir défaites en arrivant sur l’île principale. Ainsi, nous avons passé la fin d’après-midi du samedi, avant de rentrer dans la ville principale de l’île, et autant être honnête, après 16h plus rien n’est ouvert…). Des îles tout de même fort belles, avec du charme, de la diversité et pas seulement des longues plages de sable fin. Enfin, bref, en arrivant sur l’île, en sortant du bateau ( sur lequel Anne-Laure eut tout de même la bonne idée de demander si nous étions bien sur la mer… que répondre à une pareille question dans telle circonstance? sur le moment je n’ai pas pensé à la fameuse expression, lancée comme un Gimmick dans « Kennedy et moi », « water everywhere ». mais je risquais de n’être une nouvelle fois un incompris et que quelqu’un me rétorque, comme le faisait Bacri dans ce film « mais justement, c’est quoi ce « water everywhere » j’ai pas bien compris »[4].). voilà donc, nous y sommes. Antoine et moi descendons nos vélos par la grande porte, autrement dit par l’endroit où rentrent et sortent les voitures, camions et autres gros engins de ce genre. Ce fut d’ailleurs très bizarre le matin même de se rendre dans le bateau par ce passage, à côté de ces camions. Mais en ressortant du bateau, je trouvais ça assez royal, une nouvelle incongruité dans la vie, de voir ces deux cyclistes sortir au milieu des voitures, sortir de ces immenses monstres d’acier.
Pour ajouter au dépaysement, « il fait un temps radieux ce 17 mai 1712 à midi quand Robinson Crusoé arpente la face nord de son île. La mer est calme, le ciel d’un bleu limpide promène ça et là la mince écharpe de soie d’un léger cumulus »[5]. Bon si on change les dates, c’était exactement ça : de toute façon, si quelqu’un dans mon lectorat se trouve dans la capacité de me prouver le contraire, qu’il envoie un courrier à qui de droit. Du coup, on se serait cru ailleurs. Ici, il y avait même des fleurs. Mais finalement, après m’être rendu une semaine plus tôt dans le sud de la Finlande, cela ne m’étonnait pas plus que cela, mais n’en réduisait pas le plaisir de voir ces petits assemblages de tissus corollaires qui forment la partie émergée de l’iceberg d’une plante (parce que même si celle-ci n’est pas forcément souterraine, elle sera d’autant plus visible qu’elle a des pétales éclatants, à mêmes de révéler sa présence).
En tout cas, (pour reprendre ce récit après une longue absence, ce qui risque d’entraîner de graves manquements aux sentiments et sensations du moment pour être remplacés par de vagues édulcorants de ces sentiments) il flottait un vent de vacances en arrivant sur cette île, un vent de nouveauté et de découvertes à venir.
Les rois de la petite reine ?
Après quelques errements dans la ville à la recherche de vélos à louer pour ceux qui n’en avaient pas (Antoine et moi en avions déjà et avions, il faut l’avouer fier allure quelques heures plus tôt quand nous avions, perchés sur nos bécanes, embarqué sur ces immeubles des mers qui nous emmenaient sur les îles. Deux pauvres étudiants en vélo, à côté des voitures et autres camions, et moi ( peut-être Antoine aussi), content d’être là à vélo, d’être le petit truc qui cloche dans le paysage, le grain de sable dans la mécanique) et d’autres errements pour trouver le supermarché du coin et faire le plein de victuailles à savourer le soir, nous étions enfin en route pour notre destination : le cottage. Cela signifiait la traversée d’une bonne partie de l’île centrale. Cela ne m’effrayait pas personnellement, les autres non plus qui s’enquerraient assez peu de cela à ce moment de la journée. Pourtant ils auraient sans doute du. Ils auraient du s’interroger lors du choix du cottage, se demander le nombre de kilomètres à parcourir pour s’y rendre. Parce que tout cela était bien trop. Et je l’ai bien vite senti : quand j’ai vu que Maud peinait au bout de 2 kilomètres, j’ai commencé à me poser des questions. Comme je me pose en général beaucoup de question, quand il s’agit de le faire à plein temps, je néglige jamais les heures sup’ et pas besoin de Sarkozy et ses réformes sur ces heures. La légère critique formulée deux lignes au dessus quant à la légèreté de mes camarades était très vite submergée par la culpabilité : celle qui une fois encore me rappelait mon étrange rapport au monde et surtout aux autres, ces inadaptations sociales, ce décalage si souvent ressenti avec les autres. Peut-être que j’exagère un peu. Mais à ce moment ( et jusqu’à l’arrivé d’Olof) c’était plus ou moins ce que je ressentais : je me sentais coupable de ne pas avoir pris assez en compte les autres, d’avoir fait de ce séjour une idée individuelle à vivre en groupe : ce projet d’aller sur les îles à vélo était le mien et à ce moment, j’estimais que c’était bien là qu’était le problème : c’était plus mon projet que notre projet[6]. De ce fait, ce qui était au programme en terme de vélo, me paraissait pour moi plus que faisable : 40 Km, je les fait en 1h30. Je n’avais pas assez pris en compte dans ce projet, la vie non-sportive que certains de la bande pouvaient mener. En tout cas leur responsabilité à eux, celle de s’interroger sur le trajet, de poser des limites à mon projet ne me paraissait à ce moment (et toujours aujourd’hui en fait) peu importante, alors que mon comportement me paraissait (et toujours aujourd’hui en fait) assez difficile à supporter. Moi, qui aime tant me mettre au service des autres, me sentais d’un coup affreusement égoïste, entraînant à ma suite des amis dans une galère certaine. La culpabilité de ne pas être capable de tenir compte des autres, de ceux qui nous entoure et même nous accompagne, était tellement présente que j’avais du mal à réfléchir à ce qui aurait du m’occuper l’esprit : comment réussir à rallier tous ensemble en bon état le camping ? Parce que kilomètres après kilomètres ( et quel temps on pouvait mettre pour les faire ces kilomètres !), cela était de plus en plus évident que tout le monde n’était pas capable de rallier le camping à vélo. Malheureusement, je n’avais pas pris un seul renseignement sur les bus de l’île, leurs horaires, leur parcours,…en plus, comble de chance, mon portable ne captait toujours pas alors qu’il était sans doute le plus chargé et celui avec le plus de crédit.
Les kilomètres s’enchaînaient ( doucement), les attentes des hommes de têtes pour la queue du peloton était de plus en plus longue. Après avoir repoussé plusieurs fois, l’ultime possibilité, je me suis résolu à appeler le mec du camping : officiellement avec pour objectif de le prévenir de notre grand retard, mais officieusement avec le secret espoir de le faire venir nous chercher en voiture. Où ? le plus près possible.
Olof
Mais Il est arrivé. Notre sauveur à nous : son nom est bien loin de Jésus et il ne nous a pas sauvé du péché ou d’une autre connerie du genre, mais il nous a ramené au camping. En l’appelant, il m’a demandé où nous étions, comment nous arrivions et a même glissé le sauna dans la conversation. Bon c’est très gentil de parler de sauna, mais à cet instant, ma priorité était de glisser dans la conversation le fait que nous étions exténués et qu’il nous fallait nous emmener au camping. Vous savez, c’est comme ces défis qu’on se fait de placer des mots bizarres et saugrenu dans un exam[7]. Moi je devais parler de notre état de délabrement physique dans la conversation, et insidieusement lui faire comprendre qu’il fallait qu’il vienne avec sa bagnole. Et il a tout compris : il m’a dit qu’il venait nous chercher, plus ou moins là où l’on était. On a donc laissé les vélos sur le bord de la route pour les reprendre le lendemain. Comment on se rend à cet endroit ? ça c’est une question qu’on se garde pour plus tard…
Voilà, le premier contact avec Olof. Mais le reste allait dans le même sens. Un finlandais comme on les aime, un Finlandais ouvert, qui aime bien parler, peut parler de tout : il nous a demandé des nouvelles des élections ( c’était l’avant-veille du 2nd tour), il a parlé de la situation plus que tendue en Estonie ( deux de ses employés sont estoniens), on a parlé réchauffement climatique, guerre de Crimée… le dernier sujet n’était en rien anodin : pas loin de la route, il y avait une ancienne fortification russe qui fut bombardée lors de cette guerre par la flotte franco-anglaise. Du coup, Olof nous a gratifié d’un petit détour pour aller voir de plus près le travail des franco-anglais en terre, à l’époque, russe. Les fortifications en elle-même n’avait franchement rien de transcendante ( surtout qu’elles étaient à moitié détruites… salopard de français !!! c’est pas avec les français qu’on va développer le tourisme en Finlande…) mais la vue sur les îles valait véritablement le détour, le site surplombant un peu les alentours. C’était vraiment superbe. Et une nouvelle fois, je ne me sentais plus vraiment en Finlande, je me sentais véritablement plus au sud. Mais peut-être n’est-ce seulement parce que malgré tout, on était bien plus au sud que Tampere et que, donc, forcément le paysage est différent. Je crois qu’Olof a du nous parler de l’histoire du lieu, mais je dois bien avouer que je m’en rappelle pas trop. Par la suite, on a continué tranquillement le chemin, tour à tour sur la terre ferme ou sur l’eau : oui, la comparaison avec Jésus n’était pas si iconoclaste que cela : à l’instar de Jésus, qui en son temps, prenait une bonne dose d’EPO pour marcher sur l’eau ( il faut bien ça pour réaliser une telle prouesse), lui roule sur l’eau avec sa voiture. Le subterfuge, cette fois-ci est seulement les bacs qui sont partout présent sur l’île pour prolonger la route où il ne peut plus y en avoir. Mais tout le monde reste dans la voiture dans ces cas-là, et c’est plus ou moins comme si on ne voyait plus la différence avec une route terrestre. D’ailleurs, Anne-Laure ( qui décidément ce jour, était dans un état de grâce), mit du temps à se rendre compte que le bac bougeait et que désormais nous voguions sur les flots argentés[8]. Mais la magie en plus dans tout ça est que c’est gratuit : c’est un service public alors, forcément…
Au final, nous avons pu rallier le camping pour pouvoir enfin se reposer. Un repas assez rapide, un sauna et au lit[9]. Mais, le patron ( autrement dit Olof) nous avait dit qu’on pouvait utiliser le bateau. Alors, bon, pourquoi pas un peu tour sur la mer. Mais, je crois qu’on s’était résolument décidé à avoir une journée d’aventurier : après avoir été sauvé par Olof ( honnêtement, si il n’avait pas pu venir nous chercher, je ne sais pas comment on aurait fait) de notre périple à vélo, on était pas très loin de couler sur l’eau : il manquait une pièce sur le bateau et donc, fort logiquement, ce dernier étant un peu assoiffé, prenait l’eau…Heureusement en plus pour rien arranger, alors qu’Andrea ( le seul à savoir manier comme il faut les rames), s’efforçait de nous ramener au bord, une des rames commençait à craquer et à se décomposer… Si elle nous lâche définitivement, on est foutu…Ou plutôt, on est à l’eau, parce que bon, on était pas bien loin du bord et on sait nager. Mais finalement le retour à la terre ferme fut appréciable et laissa le temps de savourer un sauna des plus agréable : un bon sauna au bois (parce que c’est indéniablement plus agréable qu’un sauna électrique moderne, tant dans la senteur que dans la chaleur qu’il procure), mais un sauna sur l’eau : le sauna est sur pilotis si vous préférez. Donc dans le sauna, on avait le bonheur d’entendre le bruit de la mer clapotant délicatement les pièces de bois soutenant l’édifice sacro-saint des finlandais. Et puis, on pourrait rajouter, pour achever ce tableau idyllique, le bonheur (assez étrange je le consens), de pouvoir se baigner ensuite dans la mer. Pourquoi bonheur ? je sais pas trop en fait, mais cela faisait très longtemps qu’il ne m’avait pas été donné l’opportunité de me baigner dans de l’eau salé, parce que je dois me confesser, mais quand je prends un bain[10], je ne rajoute pas une pincée de sel, ni de l’herbe du jardin pour faire les algues, ni n’écoute un CD new-age avec des cris de mouettes et encore moins tentant de brancher une ampoule pour tenter de recréer l’effet ressenti par une attaque de méduse…[11]
Mais à détailler toute la soirée, j’en oublie de parler d’Olof. J’en ai certes déjà parlé plus haut, mais j’ai envie de vous faire partager un peu plus l’enthousiasme qui m’a atteint en croisant la route de ce type. Enthousiasmé par sa gentillesse d’être venu tout de suite nous chercher ( je suis honnêtement assez sceptique sur une telle possibilité en France ou ailleurs[12]), enthousiasmé par sa culture, son intérêt pour le monde qui l’entoure à la fois proche et lointain (avec une grande connaissance de ses îles et en même temps un intérêt indéniable pour d’autres sujets : que ce soit les élections françaises, la situation estonienne, la situation politique en Italie et bien d’autres choses encore), son envie de communiquer et de faire partager son coin de terre, ses anciens périples à pied ( parce que c’était un ancien coureur de fond qui alla s’entraîner à une époque en Afrique mais aussi de temps à autre prêt à prendre son vélo pour des longues distances), son adaptabilité ( concernant le sauna et le bateau il fut très arrangeant). C’est vraiment quelqu’un chez qui je retournerais volontiers, quelqu’un avec qui on sait qu’on peut échanger sur beaucoup de sujets, avec qui on peut sans aucune difficulté partager beaucoup de choses. Mais des gens comme ça, il en existe partout, certes en nombre limité. Mais ce qui m’étonne un peu, c’est que c’est un mec qui vit sur des îles plus ou moins coupées du monde (îles qui plus est finlandaises, finlandais réputés pour leur mutisme et la difficulté de pouvoir rentrer en contact avec eux), où il n’y a pas plus de 40 000 habitants. Bref l’isolement géographique aurait pu être facteur de repli. Malgré tout, il faut aussi nuancer par le fait qu’il tient un camping et de ce fait, reçoit des touristes et parmi ceux-ci des étrangers. Pour autant, peut-on raisonnablement penser que la profession fait l’homme ? cela semble plus que réducteur et l’on risquerait de bien vite tomber dans de véritables généralités bien dangereuses. En tout cas, j’aime ce genre de finlandais, cela me rappelle également qu’on ne peut faire de généralité à l’échelle d’un pays : non tous les finlandais ne sont pas tristes et peu bavard. Ils le sont sans doute plus qu’ailleurs, même si cela est bien souvent le cas surtout au début : quand on commence à connaître un finlandais, le dialogue se fait parfois difficilement mais par la suite il devient plus facile. La nationalité (et par conséquence le milieu environnant, la culture) n’explique pas ( et encore moins détermine) tous les comportements sociaux : par la culture et la manière d’éduquer, on peut retrouver des constantes mais les choix de vie individuels, les caractères font le reste. Pour continuer dans ce sens, je suis sans doute plus finlandais ( dans le sens comportemental) qu’Olof. C’était donc un des mérite de cette rencontre, celui de rappeler que toute généralité n’est toujours que simplification et que même si la connaissance universelle est impossible, il faut tendre vers celle-ci, vers la connaissance du plus de chose possible pour ne pas se raccrocher à des idées pré-construites, à des simplifications par ignorance, à des omissions par manque de connaissance. Plus l’on connaîtra, plus l’on distinguera et plus on se comprendra tous les uns les autres dans nos différences.
Etrangetés et bizarreries
Tout cela n’empêchera jamais personne d’avoir des comportements incompris comme le mien ce soir là, où je décidais de prendre le lit proche d’une fenêtre autour de laquelle tournoyaient nombre d’éphémères ( moi-même, j’ai pas vraiment compris ce choix…). Alors j’ai du recevoir sur la tête, pendant la nuit, non le ciel lui-même, mais certains de ses représentants en la personne des éphémères. Je suis déçu que le ciel n’ait pas daigné descendre lui-même, mais je crois qu’il s’était réservé pour le lendemain puisque la journée fut assez nuageuse et donnait l’impression que le ciel était descendu d’un cran : après le ciel bleu de la veille qui donne une impression d’infini, de grandeur et d’oubli dans cet immense univers, le ciel était descendu d’un cran et l’infini laissait place à l’oppression. Même si j’exagère bien sûr un peu. Il ne s’agissait que d’un ciel gris, un ciel gris comme tant d’autre, celui dont des fois, j’ai envie qu’il ait ce pouvoir magique de donner la vie, de répandre le précieux liquide si vivifiant, mais dont ce jour j’attendais plus de lui une activité réduite, qu’il se croit un peu en week-end : il devait pleuvoir ce jour et je pensais que la pluie pour le moral des troupes aurait été difficile à supporter. Mais le ciel avait décidé en ce jour pré-électoral d’être clément, sans doute pour mieux s’abattre sur nos tête le lendemain, laissant l’apprenti sorcier Sarkozy faire régner la foudre et le tonnerre, dans des temps où il faudrait un bon vent du sud pour dissiper les nuages et réunir tout le monde, sous le soleil exactement. En plus d’avoir été épargné par la pluie, on fut même gratifié d’un peu de soleil en fin d’après-midi. Le temps d’un peu de jonglage pour ensuite aller squatter dans un bar pendant plus de 6 heures parce qu’à Mariehamn ( la capitale de l’île), il n’y a pas grand chose à faire et qu’on a pris un bateau retour à 2H du mat’… Alors au début, ça va, les parties de jungle speed s’enchaînent ( d’ailleurs je sais pas combien de parties on a pu faire durant ce week-end, mais on a atteint des sommets…)puis la lassitude arrive. Heureusement, il y avait un concert ce soir : un groupe d’asiatiques qui reprenaient des chansons de rock allant d’AC-DC à Iron Maiden à la demande des 5 ou 6 illuminés du public qui ne cessaient d’en redemander ou en arrivaient ( l’alcool aidant) à s’agenouiller aux pieds du guitariste, tout spécialement pendant les solo, à l’instar d’un apôtre débitant la bonne parole à une foule béate d’admiration, écoutant les sermons du messie. Pendant ce temps là, on essayait tant bien que mal de se tenir éveillé, parce que ce bar, c’était un peu le contraire du train couchette de Chevalier et Laspalès : si, si vous savez le train couchette de jour où « vous êtes obligés de dormir dedans », « c’est contrôlé tous les quart d’heure », « ils passent vérifier, obligé. C’est un couchette de jour ». là dans le bar, ils passaient vérifier régulièrement si tu t’endormais pas…
Pour s’endormir, il fallu attendre de reprendre le bateau et trouver un espace sur le sol ou sur un fauteuil non-occupé pour dormir, parce que ces bateaux sont si mal foutus que si tu prends pas de cabine, t’as de la place nul part où dormir ou même s’asseoir tout simplement…Une sorte de bateau à deux vitesses, pour ceux qui peuvent se payer une cabine ou pour ceux qui ne peuvent pas et doivent se débrouiller par d’autres biais pour traverser tant bien que mal. Est-ce un avant-goût de la société qui nous attend en France ? Première réponse le soir-même avec le résultat des élections[13]…
mardi 29 mai 2007.
(commencé en fait aux alentours du 10 mai,
mais repris et finis à cette date du 29 mai).
[1] Oui, ces lignes ont été écrites il y a quelques temps de cela, donc avant la formation du gouvernement, d’où l’emploi du conditionnel.
[2] Cette annotation temporelle n’a plus vraiment de sens au vu de la date de publication plus que tardive de ce texte.
[3] Si on se rappelle que Chevallier et Laspallès avait un spectacle qui s’appelait « ma femme s’appelle Maurice », la présence de ce prénom masculin ne choquera personne au milieu de prénoms féminin.
[4] Voilà, il fallait que je place du Bacri quelque part, c’est fait. Je précise que le « water everywhere » doit être un extrait de citation de je ne sais plus qui.
[5] Extrait d’un réquisitoire de Desproges, je pouvais pas m’en empêcher de le mettre, la phrase que j’avais commencé, débutait de la même manière qu’une phrase de Desproges, alors je me suis empressé de le réécouter pour mettre le texte exact…
[6] le parallèle avec mon projet « cap-nord » est ici vraiment saisissant : dans ce cas aussi, il s’agit bien d’un projet personnel, proposé à Antoine puis Andrea, mais sans réelle appropriation collective, comme si je passais d’un projet personnel à une réalisation collective.
[7] Dans le genre, je m’étais engagé une fois à placer « une hirondelle ne fait pas de le printemps dans un exam de science politiques » et je me souviens qu’au bac, je m’étais mis au défis de placer Descartes dans ma copie d’allemand… les deux ont été placé. J’en ai sans doute essayer d’autres mais je sais plus lesquels… Aujourd’hui mon défi est de placer une phrase de Bacri dans tous mes textes, c’est assez sympa aussi. Si vous voulez nous faire partager les expressions ou mots que vous vous êtes un jour engagé à mettre dans un devoir, faites nous partager tout cela.
[8] Je suis pas sûr qu’ils étaient argenté les flots, mais ça fait bien comme ça, non ?
[9] c’est quand même mieux, qu’un suppo’ et au lit…
[10] en fait, ça n’arrive jamais, j’ai pas pris de bain depuis au moins 5 ans.
[11] J’en suis sûr que c’était ça pour Clo-Clo : il n’avait jamais été piqué par une méduse et comme il avait pas le temps d’aller à la mer, il s’est dit qu’il allait faire ça chez lui…
[12] il faudrait malgré tout nuancer le propos et rappeler qu’il nous a fait payé le transport ( mais il faudrait aussi rajouter que le lendemain, sa femme nous a ramené au lieu où nous avions laissé les vélos).
[13] Après coup, je suis un peu dans l’expectative et attend de voir véritablement quand les réformes seront mises en place, en espérant que les promesses ne seront pas tenues, parce que les promesses ne me font vraiment pas rêver… Mais je dois avouer que je suis assez mal à l’aise face à cette ouverture prônée qui veut que le clivage gauche-droite perde de son importance, moi, qui, il y a peu défendait dans un de ces textes le modèle de collaboration entre les partis qu’est la Finlande. Alors j’attends de voir quelle forme cette ouverture va réellement prendre, savoir si ce n’est que de l’ouverture de façade ou si la collaboration ( et donc la prise en compte de d’autres avis est réellement mise en œuvre) et c’est vrai que la manière dont le « Grenelle de l’environnement » s’annonce me rend quelque peu sceptique : il ne doit pas y avoir de tabou dans ces discussions sauf que Juppé et Sarkozy interdisent plus ou moins toute discussion sur le nucléaire ( et particulièrement l’EPR), sur les OGM et les essais en plein champ, ainsi que sur l’arrêt de la construction d’autoroutes… alors accord entre différents acteurs ou ouverture de façade ?