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mieux vaut court que jamais #312

La quiétude de nos cimetières consuméristes, autrement dit nos poubelles, fait parfois peine à voir. Que l’on en croise certaines, déchéance bien normale sur les étroits trottoirs de centre-ville, ne plus présenter l’amas d’ordures, qui, habituellement les remplit à raz-bord et parfois-même les pousse au débordement, sous leurs couvercles hermétiquement fermés, désespère l’homme de cette aseptisation. Il n’est que quelques gaillards aux moyens de subsistance en déliquescence pour restaurer chez nous cette humanité qui se construit sur la saleté. Après tout nous ne sommes que poussières.

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« Le désordre ne se conçoit que dans la dialectique qu’il construit avec l’ordre, cela va de soi, nul besoin d’en discuter plus longuement » me déclara fermement et avec la plus grande assurance mon petit-neveu de 7 ans, à qui je sous-loue une chambre depuis quelques mois maintenant.

« Dialectique ou pas, ranges-moi cette chambre tout de suite » me récriais-je tout-de-go.

Il est ainsi parfois délicat de mettre le savoir à la portée de nos enfants, dès le plus jeune âge.

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L’anarchie et les hasards apparents de mes journées, immanquablement, parviennent à trouver force et cohésion au creux de mon sommeil. Dressés au fil à plomb de mon sommeil à l’avenant, mes songes sont d’équerre.

mieux vaut court que jamais #219

Délaissant ici ou là des babioles dans tout l’appartement, ne pouvant me résigner à rapporter après usage chaque chose dont l’utilisation a été achevée, je construis doucement ce capharnaüm que les gens de passage exècrent si souvent. Pourtant, il n’est qu’à leur préciser que ces trois boules à thé délaissées en trois points particuliers donnent l’harmonie feng shui qui convient à cette mansarde pour leur faire comprendre qu’il est ici l’équilibre juste des choses.

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Doucement serpentant dans ma nuque, les perles d’eaux se répandent vers le bas de mon corps. Je savoure suavement cette délicate descente jusqu’à mes chevilles qui goûtent à l’eau sans ménagement, avant que mon cerveau ne fasse le trajet inverse, interrogeant la source de cette eau, moi qui ne suit ni sous une douche ou une cascade. La fuite prend alors une toute autre saveur.

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On ne comptait plus les livres éventrés qui jonchaient le sol du salon, misérablement trainant sur leurs tranches. Il n’était pourtant d’autre alternative à ce chat, qui non content de faire sa couche sur mes ouvrages, s’était pris à les ingurgiter. L’achat compulsif de la collection entière d’Harlequin pour une blague potache qui n’avait guère trouvée son public, trouvait heureusement là motif à satisfaction.

mieux vaut court que jamais #147

Dans son souci de laisser son appartement en son absence dans un état d’usage habituel à des fins préventives quant aux éventuelles intrusions, il avait donné au désordre habituel un tour paroxystique. Dans celui que les cambrioleurs ajoutèrent, il fut difficile aux forces de l’ordre de distinguer le vrai du faux.

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Seule sa fascination pour la tour de Pise et autres édifices à l’équilibre défiant les lois de la physique la retenait de lui rendre la pratique des empilements de vaisselle interdite.

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Pas même en son cerveau, ne parvint-il un jour à former un semblant d’ordre, qui comme son bureau accumulait carnets de journal intime, livres en cours de lecture, brochures publicitaires, mêlant ses souvenirs à ses fictions à venir en songeant d’ores et déjà au plan de communication qui devait assurer le succès de son prochain ouvrage.