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mieux vaut court que jamais #314

Dévorant ces passages épiques, combats rudes et féroces qui enivrent de l’odeur du sang, l’étrangeté du doigt tenant la page au reste de son corps et à son esprit ne cessait de croitre dans cette absorption totale au récit. Quand vinrent quelques monotones description, retrouva le doigt toute sa vigueur, pour vite tourner la page et faire replonger l’âme dans de nouveaux belliqueux carnages.

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Ressentant régulièrement quelques frénétiques frissons sous la pression des doigts experts, l’effet est sans appel, parfois à tel point que son corps se cabre et se recourbe, le renvoyant à de vieilles sensations, tout à fait primaires et que son cerveau reptilien ne peut réprimer, le conduisant à se dandiner en tous sens comme un lézard.

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La crampe, crispation du corps nous saisissant du plus lointain de nos chairs et nous rappelant à nous-mêmes en toutes circonstances, ne saurait être prise à la légère. Cependant, son apparente soudaineté en ferait presque l’acte d’un manipulateur de marionnette maniant son objet à sa guise jusque dans de faux mouvements fatals pour sa créature, la plongeant dans une risible pantomime.

mieux vaut court que jamais #302

Les pieds détendus, la maille du hamac bien tendue, je suis pris au piège de sa toile. Bientôt le sommeil me saisit en plein vol.

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Les feuillages martèlent le sang de mon jeune âge. Ils griffent et raturent le derme de ma peau. Bientôt la forêt se détend et se déleste de ses branches aux vieux rameaux qui tranchent. Sous une cloche de lueur, je m’affale, la peau lui fait face. Le soleil la répare.

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Dans le trou d’eau qui m’étreint de sa froideur enivrante, je constate que la conque aquatique qui m’accueille incognito se cueille avec le cœur bien accroché. De l’écueil de la carte qui m’égara, quelques instants plus tôt, du sentier qui m’était conté, à la conquête de cette eau glaciale, il n’était pas un moment où oreillettes et ventricules n’avaient à s’immiscer au cœur de l’action.

mieux vaut court que jamais #232

La marche à pied n’est pas une science exacte. J’en ai fait l’amère expérience, sur sol plat, par conditions climatiques tempérées, selon une hygrométrie moyenne, une luminosité suffisante et ne nécessitant pas d’être nyctalope, en manquant ma rythmique pédestre, se traduisant par une lamentable chute à-même le sol.

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Le poil hérissé ne cède pas au moindre rasoir. Son anarchisme latent ne se laisse pas même soumettre par une lame détriplée et agrémentée d’une crème hydratante à l’aloe vera qui appâte la peau à coup de douceurs.

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Cette ouïe que l’on domestique – pourtant est-elle pleinement part de notre corps – en y injectant, à l’instar des pires insecticides, le flux que l’on souhaite voir pénétrer dans nos entrailles cérébrales, ne se conditionne que péniblement et au prix de sa propre destruction. Kamikaze dans l’âme, elle ne lâchera prise qu’en se taisant définitivement et en instaurant le silence.

mieux vaut court que jamais #187

Quiètement, il jouait avec les lignes de son corps comme un tennisman impétueux se joue des lignes du court. Couvrant ainsi tout le terrain jusqu’aux moindres recoins, il ne faisait qu’accroitre les battements de son cœur. Il fut un instant d’inadvertance où sa main sortit du court.

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Quadrillant le terrain, une main en garnison sur son dos, l’autre aux avant-postes sur le ventre, il ceinturait sa partenaire dont le moindre mouvement était ainsi ressenti par ses deux sentinelles, plantés sur sa peau comme deux sismographes épient les mouvements d’un volcan.

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De ses mains faisant vaciller la lueur d’une lointaine lampe, il dessinait de ces formes fantasmagoriques sur son corps lascivement étendu, mais rien qui ne méritât d’être évoqué afin de rendre l’exercice plus stimulant.