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fables modernes #39 : la lune, les lunettes et les starlettes

Siégeant sur le front juvénile et vermeil,
Insouciante, la paire de lunette de soleil,
N’avait trouvé utilité sous le ciel sombre
Et aurait-elle mieux fait de rester dans l’ombre.
Seulement sa starlette de propriétaire,
Qui, de l’esprit du temps était tributaire,
Préférait chausser ses précieux verres fumés,
Venant siéger sur son cerveau présumé,  
Quelque soit de la météo les circonstances,
Pour ainsi toujours se donner contenance.       
Abritant si souvent son regard, non de la lumière,
Car, que celle-ci la toucha en était-elle fière,
Mais d’un monde qu’elle, souvent, honnit,
Pour demeurer en son hautaine cosmogonie.
Bientôt sa peau toute pomponnée se vit éclairée
De quelques rayons sur Terre venus errer,
Faisant, réflexe pavlovien, glisser du front aux yeux,
Le paravent des lucarnes de l’âme, le volet soyeux.
Ainsi équipée pouvait-elle arpenter les trottoirs
Tout en demeurant en son propre promontoire.
Perchée tout autant sur ses petits talons
Que l’aurait été un cavalier sur son étalon,
Elle passait sans ne rien voir de ce qui l’entoure,
Tandis que tous se fixaient sur ses atours.
Lointaine et distante, seuls les yeux la télescopent,     
L’observant pour quelques images en kaléidoscope.
Souvent n’aperçoit-on que le dessin d’une courbe,
Une cambrure fuyante pour les esprits fourbes.
Parfois, fugace, comme passant dans la brume,
Elle s’éclipse, hostie sombrant dans l’écume.
Il n’est temps que d’une promenade nocturne,
Pour qu’elle s’en retourne dans sa turne.
 
 
Si la lune trône dans les sombres cieux,
Les lunettes aux tempes, signe facétieux,
Abritent de la lumière, quelle qu’en soit la saison,
Ces êtres fiers pour lesquels certains tombent en pamoison. 

fables modernes #26 : le crapaud et le crépuscule

Langoureux crapaud au crépuscule
Dorait aux dernières raies ses pustules.
Coassant nonchalamment de plaisir,
Pour la lune il vibrait de désir.
L’ayant observée moult fois,
Avait-il trouvé en elle la foi,
Constatant sa surface bosselée
Comme l’était sa peau craquelée. 
Neil Armstrong dans une nuit d’ivresse
Aurait pu, de confusion, dans ses fesses,
Planter de joie le drapeau US,
Se croyant sur la nocturne déesse.
Avant de sombrer dans le sommeil,
De rejoindre dans les rêves vermeils,
La chienne Laïka mise en orbite,
Espérant, lui, rejoindre sa pépite,
Il fixait et observait l’astre longuement,
Espérant-là y trouver quelque enseignement.    
Pendant que chassent ses congénères,
Se garde-t-il de toute activité délétère,
Fut-ce-t-il agi de mouches ou tout autre volatile,
Conservant au fond du gosier sa langue protractile.
Immobile et les yeux exorbités,
Il avait pris des airs de gravité.
Le cœur à graviter autour d’une chimère,
Doucement rendait son âme amère.
Il fut un soir où de malchance,
De son dos s’ouvra une pestilence.
D’un coup de pate mal ajusté,
Son venin venait-il à déguster.
De son suc se troublant alors la vision,
Devant la mare tomba-t-il en pamoison.
La lune lui chantant macabre oraison,
D’amour dans la mare il sombra d’illusion.

 

 

Même depuis les plus hautes dunes,
Nul ne peut décrocher la lune.
Dans la multitude de la toile,
Nul ne décomptera les étoiles.
Seul l’artifice de nos propres mirages
Nous donnera pour notre vie la rage.