Il patiente au feu, puis à la caisse du grand magasin avant que de marquer un temps d’arrêt devant le distributeur de billet. Plus tard, il attendra de longues heures durant devant sa fenêtre, observant les passants, piétons ou automobilistes, ne s’arrêtant cependant guère sur ceux, immobiles, qui demeurent constamment dans la rue. Sous la pluie battante, il ne sera que le seul instant, où, enfin, pressera-t-il le pas, son visage giflé par les rafales de pluie, ravivant chez lui quelques sentiments, quelques sensations.
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Hésiter devant deux produits dont la teneur en rejet de plomb est sensiblement identique et dont la contenance calorique s’égalise presque est bien l’indécision à laquelle nous confronte l’opulence de la société de consommation et devant laquelle si souvent nous pestons. Pourtant, il ne serait qu’à envisager le produit unique pour chaque catégorie d’article pour que certains ne revendiquent alors de nouveau leur liberté de choisir. J’ai pourtant bon espoir qu’un jour, un homme indécis, âne de Buridan esseulé dans un rayon de supermarché, ne trépasse d’une crise cardiaque de n’avoir su que choisir entre deux produits à la différence douteuse.
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Il mesurait la longueur de ses journées sur ce mur qui faisait face à sa seule fenêtre. Face au seul temps libre, celui-ci se transforme en totale vacuité, un horizon infini de possibilités dont il est bien difficile de saisir toute l’étendue, source à la fois de salvation pour l’esprit enfin débarrassé de toute contingence et de toute occupation précise et de totale déperdition tant cela semble bien infini. S’il égrenait son mur de traits, il n’était pas question de tenir un compte du temps, seulement de meubler l’espace-temps.