Posts Tagged ‘ temps ’

mieux vaut court que jamais #419

Cherchant la manière la plus équilibrée de profiter du changement d’heure entre les différentes occupations qui m’incombent, j’ai finalement passé cette heure offerte à de menus calculs n’aboutissant à rien de très probant.

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Le temps qu’il passe à attendre que le temps passe lui passe par dessus la tête.

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Passer son temps perdu à peu de chose à palper les murs de papiers peints et les dénuder avec vigueur et détermination, ça oui.

Mais alors ramasser les feuilles mortes de l’hiver, hors de question.

mieux vaut court que jamais #348

Il se charge, dit-on, de la « mission des Temps ». Ce pauvre employé, Chronos des temps modernes, engoncé dans l’organigramme de la collectivité qui l’emploie, n’avait pas pu obtenir mieux comme résultat tangible à l’exercice de ses fonctions, que celui de faire renouveler le concessionnaire d’ascenseur pour faire gagner quelques précieuses secondes pour atteindre le dernier étage. Pour abroger le temps et ses ravages, il était encore loin du compte.

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Il est étrange que nul n’ait cherché à préciser le temps exact durant lequel la belle au bois dormant a ainsi tenu la couche sans que l’on ne vienne la sortir de sa léthargie. Alors que l’on s’écharpe encore pour savoir à quelle date exacte est mort puis ressuscité Jésus-Christ, nous aurions pu prendre le soin de nous interroger sur cet état de coma tout à fait miraculeux.

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Profitant de sa position dans l’organigramme de la collectivité, il faisait patienter son rendez-vous en accomplissant les basses besognes de nettoyage de son bureau, avec la légèreté qu’on ne connaît guère à ces hommes de pouvoir dans l’exercice de ces fonctions subalternes.

mieux vaut court que jamais #346

Son cerveau congestionné d’idées s’enchainant les unes derrière les autres n’était plus qu’amas de chair inapte à la décision.

Et dire que la première pensée était la bonne.

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Dépassés par le temps tout autant que les autos, ils trottaient tranquillement sur leur tandem, attendant que la pluie revienne. Lavés des pêchés du temps, ils quitteraient la traine du nuage qui contraignait leurs corps sages.

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Nul ne sait si les ravages du temps affectent nos corps sur les autres rivages de l’incarnation. Personne, à ce jour, n’a été en mesure d’établir l’assurance que la réincarnation serait une cure de jouvence pour nos cellules souches. Le vieux bigot, grenouille de bénitier se voit-il ainsi offert la chance de se réincarner en pimpant crapaud ?

mieux vaut court que jamais #306

Le rythme de l’horloge a changé,

Les dernières secondes ont été mangées,

Seule subsiste l’incommensurable éternité.

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Etrangement sa fortune enfouie dans les flammes d’un incendie, recouvrée par la providence des assurances, elle se décide, bienfaitrice anonyme, à léguer son argent au premier venu.  Dans l’intervalle, quid de son existence et de ses moyens de subsistance ? Seule la maladie incurable justifiera son altruisme soudain et effacera l’absence des années, comme un retour au temps, une plongée soudaine et ultime dans le continuum temporel.

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Si l’épée de Damoclès

N’était que de Latex,

Ne surgirait nulle menace,

Que, notre crâne, elle fracasse.

mieux vaut court que jamais #247

Il patiente au feu, puis à la caisse du grand magasin avant que de marquer un temps d’arrêt devant le distributeur de billet. Plus tard, il attendra de longues heures durant devant sa fenêtre, observant les passants, piétons ou automobilistes, ne s’arrêtant cependant guère sur ceux, immobiles, qui demeurent constamment dans la rue. Sous la pluie battante, il ne sera que le seul instant, où, enfin, pressera-t-il le pas, son visage giflé par les rafales de pluie, ravivant chez lui quelques sentiments, quelques sensations.

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Hésiter devant deux produits dont la teneur en rejet de plomb est sensiblement identique et dont la contenance calorique s’égalise presque est bien l’indécision à laquelle nous confronte l’opulence de la société de consommation et devant laquelle si souvent nous pestons. Pourtant, il ne serait qu’à envisager le produit unique pour chaque catégorie d’article pour que certains ne revendiquent alors de nouveau leur liberté de choisir. J’ai pourtant bon espoir qu’un jour, un homme indécis, âne de Buridan esseulé dans un rayon de supermarché, ne trépasse d’une crise cardiaque de n’avoir su que choisir entre deux produits à la différence douteuse.

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Il mesurait la longueur de ses journées sur ce mur qui faisait face à sa seule fenêtre. Face au seul temps libre, celui-ci se transforme en totale vacuité, un horizon infini de possibilités dont il est bien difficile de saisir toute l’étendue, source à la fois de salvation pour l’esprit enfin débarrassé de toute contingence et de toute occupation précise et de totale déperdition tant cela semble bien infini. S’il égrenait son mur de traits, il n’était pas question de tenir un compte du temps, seulement de meubler l’espace-temps.

mieux vaut court que jamais #201

Dans l’essor pris ces dernières années par les jeux d’argent, dans le sillon de l’inventivité britannique prétextant tout événement pour pari, il n’est qu’à regretter que Perec n’ait pas inclus, dans sa vie mode d’emploi, une possibilité de pari quant à la vie quotidienne. Le pari sur celui qui rate son tramway, sur celui qui ne trouvera de courrier dans sa boite redoreraient le blason des émotions de chaque jour.

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Face au défi du temps, a-t-on inventé l’anti-âge pour lequel on ne perd de temps pour le prendre, débutant ces traitements, supposément moins brutaux car établis dans la durée, de plus en plus tôt. Il n’est hélas pas de meilleure manière de se rappeler au temps et ses ravages que de le clamer à la face de son visage tartiné tous les jours de ces crèmes irriguant rides et ridules.

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Si certains, peut-être sous influence zen, se prennent à rêver d’une vie de grain de sable au cœur d’un jardin japonais, ne sentant la prégnance ni du temps ni des éléments, ils se fichent le râteau dans l’œil, tant ils ignorent le malheureux sort du grain de sable qui jamais ne termine son existence en toute quiétude mais bien plutôt entre les deux lanières d’une tong UMP.