L’étranger, qui que l’on soit, sommeille en nous. Etrangement certains ont cette fâcheuse envie de l’étouffer dans son sommeil, d’un coup sournois d’oreiller bien appuyé, pour que, le souffle coupé, il se tétanise, se paralyse et s’éteigne.
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Les clichés sur l’étranger ont la vie dure. Rien ne saurait les en sortir de l’esprit des gens, qui bien au contraire, s’en nourrissent. Parfois bien pire que de demeurer dans leur esprit, certains ne souhaiteraient pas voir l’étranger autrement qu’en cliché de papier glacé, parfois sous cadre, pour les plus généreux.
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Ma petite nièce, sans cesse en questionnement sur ce monde qu’elle ne connaît ni ne maitrise, me demandait hier pourquoi il existait des étrangers. Lui expliquant simplement dans un discours de cosmopolitisme bienveillant que nous sommes tous l’étranger de quelqu’un et qu’ainsi nous ne sommes l’étranger de personne, elle me rétorque : « si nous ne sommes l’étranger de personne, est-ce que ça marche aussi avec les martiens ? », interrogation à laquelle je lui répond la voix un peu hésitante et balbutiante, que « oui, bien sûr », ce à quoi elle acquiesce, me déclarant fermement, affichant un air satisfait, « bon, bah ça me va alors comme explication ».