Il paraît que cela a la saveur des sous-bois, la senteur des brindilles humides de la récente pluie, le délicat arrière-goût de la tourbe, la subtilité de la mousse poussant – à son insu – sur le dos du merisier commun. Les œufs d’escargots, l’or blanc de Bourgogne, auraient donc ce fumet, maelström de saveurs telluriques. Saisissant entre deux doigts délicats l’emballage de bâtons d’encens et dépassant du regard son appellation au lyrisme bucolique digne de Maurice Genevoix – « sous-bois aux senteurs de la fraîche averse » – un descriptif détaillant le programme olfactif se présente à mes yeux avides de nouvelles lectures. A cette brève lecture, il n’est qu’à constater que l’encens n’a décidément rien à envier aux œufs d’escargot.
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Après les poulets en batterie, on voit naitre les bœufs dans les boîtes de Petri. Bientôt pourra-t-on ainsi déguster le premier hamburger fait à partir de cellules souches de bœuf. Progrès technologique et solution aux émissions méthanées des bovins de chair et de sang certes, mais quid des bas-côtés des voies ferrées où nulle vache ne viendra alors plus ruminer au passage des trains, avec ce regard vide et aussi inimitable que le sourire de la Joconde ?
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La conversion progressive de l’alimentation humaine vers les alicaments ne sera pas sans conséquence pour nombres de secteurs économiques. Il n’est qu’à prendre l’industrie de l’ameublement qui devrait subir une véritable révolution. Quel sens, dans cette future société, accorder au concept de cuisine équipée, quand un simple semainier d’apothicaire peut faire l’affaire ?