mieux vaut court que jamais #297
Face à cet échantillonnage ornemental de la ville balnéaire de pacotille et de devanture de boutique, tous s’extasiaient du retour du printemps et du farniente que cela leur inspirait. Il n’était que moi, véritable natif du bord de mer pour se sentir méprisé par pareille collection de broutilles sans charmes ni goûts, dont l’enchevêtrement en pareilles circonstances était lui-même une insulte au bon goût de la décoration. L’art de la vitrine n’est guère différent de celui de la lettrine.
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Sur la longue bande de sable blanc ne se reflétaient, dans cette triste soirée d’hiver, que les néons du Casino de la plage, fade animation, peu amène pour le chaland emmitouflé comme un sibérien pour faire face à la petite brise du bord de mer. Et dire que quelques mois avant, il n’y avait ici pas le moindre grain de sable qui n’était assailli par les lueurs affriolantes des bars et boites de nuit de la saison estivale. Seul l’été sait le mieux relativiser les aigreurs de l’hiver.
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De ses barres d’immeubles imposantes et monstrueuses, le front de mer affichait clairement la couleur et nul ne pouvait se tromper sur les intentions colonisatrices de l’Homme, qui avait fait de cet espace, jadis sauvage, une terre humainement appropriée et civilisée. Pourtant, grain après grain, la mouette espiègle, tâchait d’envahir les zones asphaltées, escomptant, qu’au fil des ans, le sable, de nouveau, tout recouvre. Il n’était cependant pour l’heure, que le tapis de ma voiture qui faisait les frais de cette omniprésence progressive du sable sur le bitume.