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mieux vaut court que jamais #297

Face à cet échantillonnage ornemental de la ville balnéaire de pacotille et de devanture de boutique, tous s’extasiaient du retour du printemps et du farniente que cela leur inspirait. Il n’était que moi, véritable natif du bord de mer pour se sentir méprisé par pareille collection de broutilles sans charmes ni goûts, dont l’enchevêtrement en pareilles circonstances était lui-même une insulte au bon goût de la décoration. L’art de la vitrine n’est guère différent de celui de la lettrine.

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Sur la longue bande de sable blanc ne se reflétaient, dans cette triste soirée d’hiver, que les néons du Casino de la plage, fade animation, peu amène pour le chaland emmitouflé comme un sibérien pour faire face à la petite brise du bord de mer. Et dire que quelques mois avant, il n’y avait ici pas le moindre grain de sable qui n’était assailli par les lueurs affriolantes des bars et boites de nuit de la saison estivale. Seul l’été sait le mieux relativiser les aigreurs de l’hiver.

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De ses barres d’immeubles imposantes et monstrueuses, le front de mer affichait clairement la couleur et nul ne pouvait se tromper sur les intentions colonisatrices de l’Homme, qui avait fait de cet espace, jadis sauvage, une terre humainement appropriée et civilisée. Pourtant, grain après grain, la mouette espiègle, tâchait d’envahir les zones asphaltées, escomptant, qu’au fil des ans, le sable, de nouveau, tout recouvre. Il n’était cependant pour l’heure, que le tapis de ma voiture qui faisait les frais de cette omniprésence progressive du sable sur le bitume.

Collection particulière © Pierre Miglioretti

Collection particulière © Pierre Miglioretti

mieux vaut court que jamais #180

La moustiquaire, sous l’effet du vent, flue et reflue sur le drap doré. Sur les plissés de ce dernier, elle se heurte et s’arrête, laissant seulement, trainée d’écume, quelques mailles derrière elle. De vagues en vague, elle progresse pour bientôt ne plus couvrir une once du lit.

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Au loin, les piaillements des nymphettes se font l’effet de mouettes sa bâfrant de quelques poissons perdus au cœur de la criée. Par instants, leur stridence redouble de violence, comme si, se battant pour un morceau de choix, elles élevaient la voix.

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Dans l’entre-deux, entre terre et mer, sur cette vaste surface de l’estran, biotope lunatique ne se sachant terre sèche ou humide, quelques volatiles voguent à fleur d’eau, zyeutant la moindre proie à se mettre dans le bec. Piquant ici ou là, les oiseaux n’auront pourtant guère de quoi casser la graine au milieu de cet agglomérat de touristes rougis par le soleil cognant.

mieux vaut court que jamais #155

Etalé dans toute sa longueur, il cuisait lentement dans son jus. Pourtant il n’était pas encore à point. Le vacancier ensablé ne se déguste qu’après de longues heures de cuissons. Il suffit de le retourner de temps à autres et de le mouiller parfois.

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Lorsqu’enfin le soleil sombra dans l’océan, j’osai demander à mon neveu la raison de son entêtement à retirer des seaux entier de sables dans cette plage dont la platitude était tout à fait hospitalière. M’expliquant son intention de constituer-là un abri antiatomique dans les plis du sable, je m’interrogeai sur le bienfait de la diffusion régulière d’images des premiers essais atomiques français dans le désert saharien.

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De mon arrivée tardive, je regretterais de n’avoir pu contempler la crête des vagues, stagnant dans les derniers mètres de la plage, dans les premiers renfoncements des dunes, ne voyant, dans la direction de l’horizon, que la crête des parasols qui jalonnaient le parcours de ma vue.

mieux vaut court que jamais #53

Le jaune nez de la dune rit dans la barbe des oyats. Le vent fait froncer ses sourcils de brindilles. La pastille du soleil sombrant dans le lointain fait rougir les pommettes des pleines pentes, pendant que les baïnes, baies sensibles se vident de leurs dernières eaux.

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Dépassant le monticule sableux, se dégage la vaste étendue déserte. L’océan s’etend sans fin, tandis que croyant braver l’éternel, des signes s’étallent dans le sable, des traces laissées à la hâtes, celles d’enfants qui ont mal vieillis, gravant dans le sable “casse toi pov’con”.

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La succession aléatoire sur l’entièreté de la zone de baignade entre sacs plastiques et méduses rendait la pratique du tri sélectif délicate et dermatologiquement peu conseillée.