Archive pour Mai 2013

mieux vaut court que jamais #334

L’extase de l’herbe rase du jardinier amateur et vieux-jeu est bien peu compréhensible pour tout autre quidam présentant des caractéristiques physiques similaires, la bêche dans la main en moins. Le pauvre ignore quoiqu’il en soit que derrière cet amour de l’herbe auquel il croit fermement – arrivant, selon lui, à sa quintessence lorsque l’on bride sa croissance – ce n’est rien d’autre qu’une adoration de la terre qu’il manifeste en coupant tout brin qui sort la tête du sol. Encore un amoureux paradoxal.

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Faisant état de son extase,

Flattant son humeur morose,

Ainsi fuit-il son altitude rase,

Colorant alors sa vie de rose.

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L’extase qu’il trouvait dans la quiétude de la rase campagne ne s’accommodait que très modérément de ses conséquences. Dans l’euphorie naissante, s’éteignait le silence.

mieux vaut court que jamais #333

L’usager superstitieux du parapluie est réputé ne pas tolérer l’usage intérieur dudit ustensile, sous peine de malédiction, d’une durée variable de 7 à 21 ans, selon les barèmes en vigueur et les éventuelles circonstances aggravantes. Mais nul ne prévoit de remises de peines suivant des comportements vertueux comme la promotion du bonnet de laine – voire du chapeau – par temps de grande pluie.

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Les lacunes de l’histoire antique sont nombreuses et ne cessent d’être portées au grand jour. Ainsi nul historien n’a, à l’heure actuelle, pu prouver la conversion du fer à cheval du statut d’objet usuel à celui de breloque à vertu immatérielle par la force, elle bien attestée, du cheval Bucéphale. Nul n’a même pu écarter que cette transmutation puisse être conséquence de la part d’ombre que Bucéphale, lui-même, présentait comme tout un chacun.

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L’existence de la superstition est l’ultime preuve de la mesquinerie divine. Non content, comme tout être normalement constitué, d’apparaitre au creux de nos songes, il se signifie – inévitablement pour châtier – dans la quotidienneté dont on peine à se prémunir à coups de parades dérisoires et si souvent risibles. Je ne goûte que moyennement cet pantomime divine.

mieux vaut court que jamais #332

D’amertume fut-il, par l’averse inopportune, tout à fait séché.

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Nul ne saurait dire quelle fut la méthode scientifique empruntée par Dieu lors de son processus créatif. S’agissait-il d’une méthode inductive ou déductive, nul n’en possède la preuve. Si l’idée d’un grand dessein divin plaiderait pour la méthode déductive, il ne pourrait être exclu l’éventualité d’une démarche inductive. Il n’est qu’à considérer le système hydrique. Ainsi, qui sait s’il ne s’agit pas d’une généralisation du tuyau goutte-à-goutte de jardin pour tout un système planétaire ?

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Elle épie les gouttes de pluie sous le ciel qui s’emplie de tumulte. L’appui de sa tête, nuage moelleux, fait le rappel de l’extérieur, l’humidité mise à part.

mieux vaut court que jamais #331

Il vaut mieux pratiquer le catastrophisme écologique à tendance cataclysmique sur un lit de camp que king size. Rendant certainement la pilule encore plus dure à avaler, cela n’en constituera pas moins un début de mise en situation.

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Face aux micro-désastres que nous encourrons tous, chaque jour, dans notre quotidien, la fin du monde est bien peu de choses.

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Toute catastrophe qui se respecte s’accompagne d’un messie salvateur ou rédempteur, fut-il inventé pour les besoins de la cause. Cela n’est pas sans se lier à la présence d’un ennemi, parfois incarnation d’une valeur morale.

Mais ce n’est pas tout ça qui va m’aider à consoler mon petit neveu dont la disparition soudaine, inexpliquée et catastrophique de son doudou n’est due qu’à l’arbitraire du monde.

mieux vaut court que jamais #330

La montée des marches, pièce montée que jamais l’on ne rapièce, sans la moindre starlette au rabais devant les objectifs ébahis et le regard des badauds, même sous la pluie, étincelle son monde. le flot de l’eau bénite alimente ainsi la nappe médiatique.

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Chaque matin, à ses pieds, coulait drue son urine qu’il déversait consciencieusement sur la statue du Général, qu’il espérait ainsi un jour voir osciller et peut-être même choir sous les coups de butoir de cet urinoir improvisé. Quotidiennement, il s’acharnait ainsi à lutter contre le fantasme d’héroïsme.

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Nulle victoire, nul combat d’une main de fer ne sauraient exister. Chimère de l’esprit qui s’imagine la force de seules quatorze phalanges et nie même sa propre importance dans tout mouvement. Et il ne faudrait pas même qu’il se considère seul à la source : La course ne se construit que dans les relais d’hier.

mieux vaut court que jamais #329

Pour peu que règne la finance

Sur un triste capitalisme en errance

Et seraient toutes deux démunies,

Indistinctement, la cigale et la fourmi.

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L’entomologiste, en dépit des apparences, n’est pas l’être qui nage à contre-courant et se tourne vers le minuscule quand tout le monde aspire à la grandeur, s’intéresse à la laideur alors que partout règne la beauté. Simplement cherche-t-il à comprendre ce qui pousse ces animaux à fuir ces tendances du monde moderne.

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Mettre des fourmis sous son matelas ne le rend ni plus moelleux ni plus richement fourni. Cependant s’en trouve-t-il ainsi être grouillant d’invertébrés.

mieux vaut court que jamais #328

L’attente me mate les tempes et m’apaise de ces pensées qui enfin se taisent. J’en suis fort aise et pèse la saveur du silence.

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Les pensées mentent et m’entraînent sur les parois odorantes de leur reine. De la conscience, que je vois sur son siège, je n’ose même le baisemain. Les fraises de sa bouche m’enchantent en charlotte légère.

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Que plus rien ne hante au loin la longue descente ; et la lente chute des songes sans lutte trempe onctueusement dans le tendre des rêves.

mieux vaut court que jamais #327

L’aboutissement de son existence trouvé à pousser sa lourde cargaison alimentaire dans le caddie prévu à cet effet, la ramenait tendrement à ces samedis de sa jeunesse, passés au supermarché au bras de sa mère.

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Le cordon ombilical fait figure de matérialisation ou plus exactement d’incarnation du lien ontologique qui unit un enfant à sa mère. Il est bien triste de voir réduit un lien à un simple morceau de chair alors que le temps est partout au sans fil.

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L’hypothèse farfelue d’un séjour prolongé au Japon de Jésus-Christ, principalement durant ses années d’adolescence et son retour au pays pendant que son frère cadet recevait les honneurs de la crucifixion à sa place, bénéficiant vite d’une renommée encore à ce jour incontestée, est plus que douteuse. Cependant l’hypothèse d’une substitution sur la croix n’est pas dénuée d’intérêt ni même de sens pour les événements qui suivront. Il resterait cependant à savoir, qui, dans la famille, a exigé que le fils cadet fût sacrifié en même temps qu’il serait alors porté au pinacle et non l’inverse.

mieux vaut court que jamais #326

Les jeunes couples sont des animaux nocturnes qui ne connaissent rien à la vie de jour, leurs rencontres et leurs premiers temps passés ensemble se confondant avec l’astre de la nuit. Leur découverte de l’astre du jour ensemble se solde souvent par un vilain mal de crâne.

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Quelque soit l’astre, sur leurs ébats, s’abattent les stores.

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Le rayon qui les extirpe de leurs songes ride leur candeur, de devoir à sa luminescence fuir l’évanescence de leur amour s’étreignant suavement et empli des senteurs fraiches de sa naissance.

mieux vaut court que jamais #325

J’ai glissé sur la courbe de ton visage,

Gageant l’aride sourire de la vie sage

Sur les splendeurs de ton corsage.

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De cet accident sur son visage, balafre des affres d’une banale domesticité, il se remémorait tendrement son enfance de Pirate, dont il aurait tant aimé embrasser la carrière. Ayant finalement épousé, durant toute sa vie les apparats des corsaires du roi, le changement de bastingage ne s’était pas démenti avec l’âge.

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Elle me dévisage, puis se ravise. Avisé de ce message, je cesse mon marivaudage.