Archive pour juillet 2008

VRP du gratuit

VRP du gratuit :

 

 

 

Voilà le
festival "rayons frais, les arts et la ville" est fini depuis maintenant deux semaines et mon stage
vient juste de toucher à sa fin. Je pourrais compiler les anecdotes de ces
moments savoureux que m’a offert ce mois et demi de stage. Mais comme je tente,
autant que faire se peut sur ce blog, d’éviter l’écueil du factuel et du récit
de la lente litanie du quotidien revécu, je me contenterais pour l’instant de
ce petit texte versifié évoquant une part des plus étonnante de mon travail,
étonnante pour qui me connaît et sait ma difficile habileté à communiquer d’une
manière général et à ouvrir le dialogue d’une manière plus restreinte, la
partie VRP. Oui, la culture sait se pervertir et se prêter aux plus
machiavéliques pratiques de notre système économico-philosophique. Ainsi, il
m’a été demandé, dans le cadre des missions de partenariat qui m’était confié,
celle de démarcher les commerçants de Tours pour promouvoir des sortes de
partenariats avec ces-derniers : le partenariat consistait en des choses
très simples comme la proposition, le temps du festival, d’une boisson, d’une
assiette ou autre chose estampillé « rayons frais » ;
l’apposition à l’extérieur de l’établissement d’un rond-rouge, lui estampillé
« partenaire festival » signalant avant tout un vague soutien moral
au festival ou éventuellement la participation à la dite opération spéciale
sus-décrite[1]. Ainsi, je venais
promouvoir le festival et tenter d’obtenir un consentement moral et oral (rien
d’écrit n’était demandé) pour ce type d’action, qui, comme vous l’avez deviné,
ne demandait aucune participation financière sous quelque forme que cela puisse
prendre. Et bien, même avec du gratuit, il s’avère bien difficile de vendre un
projet culturel et une association ou partenariat – appelez cela comme vous
voudrez – à ce projet…

 

 

 

 

Je suis le VRP à vélo

Pour pas devenir
mégalo,

Le VRP du gratuit

Parce que j’suis pas
un pourri.

 

Moi je bosse dans la
culture

Avec tous ceux qui
s’tourne les pouces

On peut bien me
parler de futur

Je sais qu’c’est pas
ici qu’ça pousse.

 

Mais ici comme
ailleurs

Il faut jeter ses
yeux à l’oseille

S’agiter comme un
gouailleur

Pour affûter là où ça
paye.

 

Je suis le VRP à vélo

Pour pas devenir
mégalo,

Le VRP du gratuit

Parce que j’suis pas
un pourri.

 

Alors je déambule avec
ma bouille

Sans eau ni savon
pour quelques affiches

Pour quelques
partenaires de débrouilles

Pourtant persuadé
qu’ils s’en fichent.

 

Parce qu’on ne leur
demande rien

De la loi d’airain
des profits

On ne saurait se
vouloir vaurien,

A mendier sans aucune
philosophie.

 

Je suis le VRP à vélo

Pour pas devenir
mégalo,

Le VRP du gratuit

Parce que j’suis pas
un pourri.

 

Ainsi on déblatère au
bistrot

Pour quelques
soutiens de plus

Des discours
terre-à-terre insufflés au trot

sans jamais de conso en
sus.

 

Parce qu’on est
toujours en manque

Parce qu’on est
bénévoles professionnels

Pas de quoi épater la
banque

Et tenter de faire
dans la culture du sensationnel.

 

Je suis le VRP à vélo

Pour pas devenir
mégalo,

Le VRP du gratuit

Parce que j’suis pas
un pourri.

 

On est pas là pour
qu’ils raquent

Il faudrait pas être
naïfs dans la culture

On va donc pas
chercher l’arnaque

De toute façon, c’est
pas dans notre nature.

 

Comme on est toujours
dans notre bulle

Dans un univers
parallèle sans pareil

Où toutes les bonnes
volontés pullulent

Mais nous laissent
dans le plus simple appareil.

 

Je suis le VRP à vélo

Pour pas devenir
mégalo,

Le VRP du gratuit

Parce que j’suis pas
un pourri.

 

 

samedi 19 juillet 2008.


[1]
N’étant arrivé que pour la mise en œuvre de cette action, je n’ai eu loisir
alors de discuter le bien-fondé de cette action, mais ce fut un sujet
éminemment débattu lors des debriefing, cette action n’étant que d’une exigence
d’une minceur rarement égalée…