Archive pour février 2014

mieux vaut court que jamais #482

Déjà qu’il sifflotait, mais en plus ne le faisait-il que faussement et en reprenant un fameux air du « pont de la rivière Kwaï » qui m’horripilait plus que tout. M’apprêtant à l’égorger, je me retrouve plaqué sous l’oreiller.

Passons le mauvais rêve déplaisant en tout point, mais si en plus il faut qu’on se fasse lyncher au réveil…

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Déjà dans les travées du fastueux théâtre à l’italienne se murmurait-il que la diva en avait une, tant et si bien que tous feuilletaient les pages du programme et, s’attachant à son nom dans la présentation de l’œuvre, tâchait de l’en rattacher à ce qui pourrait être son nom usuel occultant jusqu’à son entrée en scène.

Les bruits qui courent sont hélas plus prompts que ceux qui se chantent.

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Et toutes ces menues opérations que l’on décide au bruit. Une pédale de vélo qui claque sous le pied, un robinet qui goutte dont on entend le bruit sourd sur la planche de bois, une table bancale qui cogne furtivement sur le parquet… qu’un jour nous soyons tous équipés d’oreillettes à jouir qui de musique, qui de podcast, et on se trouvera être de bien piètres réparateurs.

mieux vaut court que jamais #481

D’ambitieux qu’il était habitant de Saint-Genouph, il voulait être résident d’Elbeuf. Se gonflant de ce tiède orgueil, il éclata de son hybris sans même de la ville attendre le seuil.

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Grimpant les échelons, le vaniteux en avale quatre à quatre les barreaux tant et si bien qu’au sommet atteint, il ne lui reste plus comme issue que la chute.

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Oui certes, à s’illusionner d’un destin grandiose, Icare s’était brûlé les ailes.  Mais on oublie de se demander si finalement il ne faisait pas fausse route en pareille excursion et qu’il n’eut été tout bonnement inutile d’en aller rejoindre l’étoile solaire. Plus que grisé de sa capacité hors-norme, Icare était surtout étonnamment à côté de la plaque.

mieux vaut court que jamais #480

Du bout des bois, le cerf effeuillait et sectionnait les branches des arbres déjà bien décharnés par l’hiver. Bois vivants ou bois mort, la vie gagne toujours.

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 De sa gueule de bois, il beugle la voix.

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Perdu dans le famélique sous-bois, l’homme des bois se trouvait le regard penaud, comme vexé de se sentir réduit à l’état de sous-homme des sous-bois. Tant de sous le mettant hors de lui.

mieux vaut court que jamais #479

Sous la verrière, se vident les verres. Son âme s’évide sans le souffle du vent.

Si l’averse s’immisce, elle se ravise.

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Son esprit embué,

Sans lingettes,

Les neurones perlaient.

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L’esprit frais, les volutes de son cœur ravivèrent ses sens délétères.

mieux vaut court que jamais #478

– tu l’aimes mon ergonomie astucieusement pensée pour un meilleur confort d’usage?

– oui, très.

– tu les trouves comment mes fonctionnalités multiples facilement accessibles?

– très jolies.

– et ma surface douce au toucher?

– je l’aime beaucoup.

– donc tu l’aimes totalement mon clavier multimédia sans fil ?

– je l’aime chaleureusement, tendrement, tactilement.

Sur un air de Georges Delerue.

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Ses petites enceintes crachaient un son si méconnaissable qu’il faisait plus appel à des qualités d’imagination que d’écoute musicale.

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La souris sans fil ne savait plus où donner de la tête. L’appendice filaire à la fois tête et queue, donnait à l’outil une forme, un sens et une morphologie. Le fil coupé, n’était-elle plus qu’informe, source de mouvements pouvant s’orienter en tout sens. Elle avait perdu sa polarité.  

mieux vaut court que jamais #477

On évoque sans vergogne le goût naturel de l’homme de se trouver – surtout après qu’il s’en est extrait – sur le plancher des vaches. Toutefois nul homme ne s’est penché sur la question de savoir si les vaches se satisfaisaient entièrement de leur condition de terrestres.

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Soit dit en passant, nul ne se préoccupe de son entretien, au dit plancher des vaches que les bovidés foulent sans vergognes avec leurs gros sabots qui ne sauraient être de tout repos. Ce n’est pas d’un coup de balais et d’un passage de serpillière que l’on l’en retrouve dans sa propreté immaculée, que cela leur soit signalé.

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Quand les vaches auront débarrassé leur plancher, peut-être songerons nous à renouveler le revêtement terrestre. Le retour à la terre battue ne peut être à exclure.

mieux vaut court que jamais #476

Son rêve de grandiose et de divin était finalement assez élémentaire et se limitait à une expérience particulière, celle de pouvoir, au guidon de son vélo, rouler à toute berzingue sur une grande avenue à l’instant exact, entre chien et loup, où les lampadaires, l’un après l’autre, s’allument.

« Que la lumière fut » se dirait-il alors.

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La négociation avec Dieu sera-t-elle envisageable à l’aube du jugement dernier ? Aurons-nous loisir de converser avec lui avant qu’il ne rende son jugement ? Qu’il le sache dès à présent, mes exigences ne seront que très minimes et quelques minutes à tailler le bout de gras en sa compagnie, me seront suffisantes à plaider mon cas et obtenir gain de cause.

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Les voies du Seigneur sont impénétrables nous disent les Evangiles. Pourtant, au vu des différentes manifestations divines, en supposant qu’il ne frappe pas deux fois au même endroit, on peut écarter de notre esprit quelques lieux d’apparition : il est ainsi à exclure toute manifestation divine à venir dans une grotte, dans le désert ou aux alentours de buissons. Les lieux d’isolement étant prisés, il est fort probable que le premier homme à rejoindre Mars sera une cible privilégiée pour une quelconque forme d’intervention divine.

mieux vaut court que jamais #475

Il avait choisi de vivre dans un monde parallèle, une réalité particulière où les affaires iraient mieux, où  l’intégrité des hommes serait sauve, il avait choisi de vivre dans une uchronie où Jospin n’avait pas perdu 2002.

Pourtant, même là, ne pouvait-il pas s’empêcher d’être déçu.

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Aller ailleurs, certes l’idée est intéressante. Mais encore une fois fuir, refuser la réalité et prendre la tangente. Il faut parfois s’y confronter.

Et pourtant encore une fois, ces poubelles que personne ne sort et pour lesquelles je ne peux me résoudre à laisser un mot sur la porte… mieux vaut juste claquer la porte.

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L’autre est un ailleurs se prête-t-on à penser parfois, dans notre soif de découvrir l’altérité et qu’elle nous ouvre d’autres horizons.

Pour peu que l’autre soit ailleurs et sombre-t-on dans un triste horizon. La nuance est mince.

mieux vaut court que jamais #474

J’écris en guise de thérapie serait-on tenté de croire. Dans la quotidienneté du mot, se soigneraient d’un coup d’un seul, timidité maladive, cyclothymie et troubles de la personnalité.

Pourtant à la quantité de lignes produites, j’aurais mieux fait d’accumuler quelques séances sur le divan.

L’explication thérapeutique ne résiste pas longtemps à l’épreuve de l’efficacité.

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Qu’il pleuve qu’il vente ou qu’il neige, il sort sa plume pour gratter du papier. A vrai dire, plus les conditions sont déplorables, plus s’y adonne-t-il. Car comme tout homme moderne, dès qu’un rayon de soleil point à l’horizon, se réfugie-t-il dans le jardinage, la course à papier, voire même le pic-nic familial.

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Il écrit pour ne pas mourir nous dit-on. Ceci étant, il omet l’expérience de l’intégralité des écrivains dont pas un n’a, à ce jour, réussi à échapper au trépas, suivant finalement, comme tout un chacun, la loi humaine de la mortalité.