Archive pour octobre 2007

athéisme primaire.

Alléluia mes frères

 
Qu’est ce qui m’a pris ?

Sans pour autant parler de mépris,

je ne pense pas avoir perdu l’esprit

pour le confier dans cet amour sans prix.

 

Pourtant au milieu de cette cohorte,

De ceux qui en cœur exhortent,

De ceux qui ferment jamais leur porte,

Je me suis glissé comme un globule dans l’aorte.

 

Un dimanche pas comme les autres,

Un dimanche pour dire « Notre…»

Et communier pour éviter la vautre,

A suivre la parole des grands Apôtre.

 

J’ai décidé de quitter la Traîtrise

Pas forcément pour exercer la prêtrise,

Juste voir ces foules qu’on électrise

Bien souvent sous prétexte qu’on les cicatrise.

 

Pourtant moi plus près des repris de justice

Que des novices qui tiennent le calice du Saint-Office,

Pour quelques instant cloîtré dans cet édifice

Chargé de glorieux « Dieu nous bénisse »

 

Un dimanche pas comme les autres,

Un dimanche pour dire « Notre…»

Et communier pour éviter la vautre,

A suivre la parole des grands Apôtre.

 

A débiter toutes ces lymphatiques litanies,

Escortées des chants du cœur chargés de mythomanie,

Dès la fin du supplice, avant d’assister à une théophanie,

Je me suis pas fait prier pour quitter cette cacophonie.

 

Pour ne pas faire sombrer mon ombre dans les ordres,

Or de ma vue, ceux qui ne peuvent en démordre.

Croix de bois, croix de fer, si on ment c’est pour mieux te tordre.

Si on ment c’est pour éviter que naisse le désordre.

 

Un dimanche pas comme les autres,

Un dimanche pour dire « Notre…»

Et communier pour éviter la vautre,

A suivre la parole des grands Apôtre.

 

Un ensemble de promesses prises dans le faciès,

Pour les frasques sur fresque de Notre altesse,

Vénérer ces narration comme ration contre diablesses,

Parce qu’ils croient que c’est là que le bât blesse.

 

Un dimanche pas comme les autres,

Un dimanche pour dire « Notre»

Et communier pour éviter la vautre,

A suivre la parole des grands Apôtre.


dimanche 21 octobre 2007

Vos papiers, s’il vous plait.

Etre de
papier

 

Etre de
papier, être dans les lettres, dans les mots, les expressions, sans trop de
pression, celle des autres, juste celle de l’espace infini des mots et de la
langue, une pression des plus souple qui nous éloigne du doute, une pression qu’on
peut prendre au bar ou en terrasse, qu’on prend à ras-bord ou à tribord, qu’on
prend à ras-le-bol ou pour en prendre un rempli d’air.

 

Etre de papier
pour ne pas casser les pieds ( ni même la vaisselle), pour ne pas trop enfler
des chevilles, pour pouvoir partir en vrille comme on le veut, pour partir où
l’on veut, c’est sans doute ça le problème, partir de ce monde un peu blême
pour s’en inventer un autre, souvent loin des autres, loin tout court, loin où
l’on court pour s’enfuir, pour ne pas s’en faire, pour ne pas revenir. Car
lorsque l’on est là-haut, l’ascenseur ne semble pas répondre à nos appels à
peine formulés, enfarinés, embourbé de notre propre chair, de notre propre
sang, pas vraiment qu’on se fasse un sang d’encre à force d’écrire, bien au
contraire, comme si on avait enfin trouvé un havre de paix. Plutôt une paix des
lâches qui préfère un ailleurs qu’un ici, parce que c’est sûr c’est pas pareil
mais c’est bien indécis pour quelqu’un d’ici qui se refuse à y rester ou même à
le changer. 

 

Etre de
papier, un sans-papier de la réalité, un passager clandestin de cet univers, un
passager clandestin qui migre éternellement vers un ailleurs, où qu’il soit,
toujours en train de migrer, pas forcément à faire des simagrées, juste jamais
à sa place, toujours la cherchant ailleurs, quand ailleurs n’est jamais ici et
que tout ici devient vite ailleurs, qu’on se dit toujours « à tout à
l’heure », quelque soit l’heure, toujours en heurt, jamais à la bonne
heure, quelqu’elle soit. Soit dit en passant, comme on le fait dans cet
univers, quand on ne peut encastrer toutes ces pendules, qu’on ne les trouve
jamais à sa convenance, qu’on les estime toujours déréglées, il faut savoir
remettre à l’heure sa propre horloge interne. Au lieu de ça, on se dit qu’on
peut s’en échapper, sortir de l’espace-temps, s’espacer de temps en temps,
s’espacer de tout temps, qu’il flotte, qu’il neige ou qu’il bruine, s’espacer
de tout cela, créer son propre espace, sa propre place. Mais une place se
définit par ce qui se passe autour, une place n’est rien sans quelque chose
autour, on se fait une place parmi des gens, on crée une place entre plusieurs
rues. La place ne peut exister pour elle-même. La place n’a pas d’existence en
elle-même, la place a besoin de quelque chose d’autre pour être là. Qui a déjà vu une place au milieu de rien, au
milieu du vide ? la pauvre ne serait vraiment pas à sa place. Je ne dirais
pas pour autant qu’il faille de la concurrence pour exister, je ne pense pas
que quelqu’un qui va à la chasse perde sa place. Chacun sa place et les moutons
seront bien gardés ( qui plus est, mieux vaut l’élevage à la chasse).

 

Etre de
papier, un avion en papier, un avion à réaction, un avion en carton, un avion
comme un cartoon qui s’envole vers les plus beaux cieux, qui fait sans cesse la
une, qui se pose sur la Lune, jamais mal luné, toujours un peu allumé, même
quand les moteurs sont au repos, toujours un peu de peau, toujours un coup de
peau, jamais un coup pour rien parce qu’un rien de papier c’est toujours
beaucoup, surtout que ça coûte rien. Ça ne coûte rien de se mettre sur du
papier, de se lâcher en papier, ça fait même pas mal et si souvent du bien, si
souvent à se lover contre ce papier si doux, comme du papier buvard, pour
éponger, non les dettes mais les sentiments, les regrets, les souvenirs, les
absorber, les contrôler, éviter qu’ils ne se répandent n’importe où, les
canaliser sur ce papier. Un papier pour s’épancher, pour ne pas se pencher trop
près du gouffre et surtout éviter d’y sombrer, un papier pour s’ex-primer et
éviter de dé-déprimer, pour s’appliquer à s’expliquer sans toutefois
s’impliquer parce que le papier extériorise une part de notre intérieur mais
pour le placer dans un autre intérieur, dans une sorte de cour intérieur, une
véranda avec fenêtre sur cours, parfois fenêtre sur cœur, un nouvelle espace
clos, les yeux mi-clos, les œufs mi-cuits, à ne pas trop se mouiller, ne pas
sortir de sa coquille, juste en créer une nouvelle, plus grande, plus aérienne,
plus en verre, plus fragile, ouverte sur le monde mais toujours dans son propre
monde. On peut certes bien sûr y installer des plantes en plastique pour faire
comme si, pour faire mieux, pour se reverdir, mais ce n’est que du décor, du
décor pour être vu, pour être repéré, pour se cacher aussi, pour les
apparences, pour ne pas avoir l’air trop rance, pour ne plus apparaître en
errance, montrer qu’on s’est meublé, qu’on s’est installé, qu’on s’est embelli,
qu’on sait, qu’on sait quoi au juste ? qu’on est quoi au juste ?
Qu’on est juste au juste ?

 

Etre de
papier, un papier que l’on déchire quand on veut, un papier qu’on brûle aussi
quand on veut pas laisser des traces même si on le souhaitait au début, un
papier qu’on malmène, qu’on amène, qu’on manipule, qu’on triture, qu’on souille
de fritures, celles de la vie, ces traces de graisses de la vie, ces traces qui
sont indélébiles et restent toujours malgré le détachant de la conscience, ces
tâches si riches qu’on en conserve toujours quelque chose que ce soit du
ketchup, une histoire de chop, de la mayonnaise, de la béarnaise ou des
foutaises. Un papier donc qui vibre, un papier qui vit, un papier qu’on cible,
un papier risible quand on y repense, quand on y repasse, pas comme une chemise
bien sûr, parce qu’on peut le brûler au second degré ( de l’humour), pas besoin
de ce genre de précautions, tout nous est permis quand on est de papier, tout
est possible, tout est réalisable, du moins, sur le papier…

 

 

Vendredi 19 octobre 2007.

si t’es fier d’être bénévole, tape dans tes mains

Non au professionnalisme !

 

 

            Je
ne sais comment expliquer ce sentiment, est-ce mon côté décroissant ( entendu
dans le sens économique, si si vous savez, ceux qui veulent qu’on revienne à
l’âge de Pierre [1], qu’on s’éclaire à la
bougie dans des grottes[2]) qui
ressort et me fait avoir peur en tout progrès, en tout ce qui cherche de près
ou de loin à atteindre l’efficacité, mais l’allure que semble prendre l’Abribus
m’inquiète et à vrai dire surtout me désole. Pour tous les ignares qui auraient
décidé aujourd’hui de me lire, je précise ce qu’est l’Abribus : l’abribus
est une association strasbourgeoise qui armée de son ancien bus de la CTS (la
compagnie de bus de Strasbourg) sillonne les rues enneigées de l’hiver
strasbourgeois plein de victuailles de la banque alimentaire pour les
redistribuer aux exclus la société. Mais le but essentiel n’est pas forcément
de donner à manger, mais plus de renouer le contact avec ces personnes qui ont,
sans doute, pour plus grand mal, celui d’avoir perdu le lien social. Comme on
met du gruyère sur une tapette pour attirer la souris et l’écrabouiller,
l’Abribus charge son bus de nourriture pour attirer les sans-domicile fixe et
autres personnes dans le besoin et alors renouer le contact avec eux. Oh bien
des gens trouveront cette comparaison ordurière et mettront sur mon nom je ne
sais combien de quolibets parmi les moins glorieux, mais je n’ai que faire des
ces gens et mon imaginaire parfois cynique ne s’en verra pas le moins du monde
gêné. Mais alors quel lien avec Abribus ? pour ceux qui ne me connaissent
pas (ils ne savent pas ce qu’ils ratent), je me dois de préciser que je fus
membre de l’association pendant deux ans ( et même co-responsable de tournée la
deuxième année, c’est quand même pas rien… ou pas…), adhésion à laquelle j’ai
du renoncer pour découvrir un pays sans SDF ( ou presque) qu’est la Finlande.
Mais voilà comme dit précédemment dans deux textes plus ou moins compréhensibles
tout cela a pris fin et je commence à bien réaliser cela maintenant que ma vie
universitaire « normale » a repris son cours. Ainsi je m’apprête à
reprendre cette activité plus ou moins altruiste (oui, parce que les gens qui
se disent « waow[3] c’est
dingue ils donnent une demi-journée toutes les semaines ( NDLA : de 16h30
à 23h) juste pour les autres. Ils sont vraiment cinglés » ne savent ce que
c’est que ce genre d’association : on commence à le faire pour les autres
et bien vite, inconsciemment on se rend compte qu’on le fait aussi pour soi,
non pour se dire qu’on peut désormais avoir bonne conscience, qu’on a fait sa
Bonne Action de la semaine, mais en fait parce qu’on voit bien vite qu’on en
tire énormément de chose, qu’on donne certes beaucoup mais qu’on reçoit encore
plus, de ces lignes de vie qui un jour sont devenues discontinues, de ces gens
si gentils qui ne demande qu’à se réintégrer, de ces humains (parce que ce sont
bien des humains et non une forme recroquevillée dans son duvet devant Eram,
non un élément de mobilier urbain désormais bien intégré au paysage citadin)
qui sont comme nous tous mais qui un jour ont eu un peu moins de chance et où
tout s’est effondré). Mais je m’égare ( et pas seulement celle de Strasbourg où
en général on peut trouver pas mal de SDF) et donc je disais qu’il ne s’agit
pas seulement d’altruisme mais aussi d’enrichissement personnel.

 

            Ainsi
donc, avec les premières rigueurs de l’hiver alsacien, les tournées vont
bientôt reprendre. Je me suis donc rendu il y a peu à la réunion d’accueil des
nouveaux bénévoles ( et des anciens) pour prendre la température de l’association
après une année de gel d’activité associative, année pendant laquelle je n’ai
pas eu que des bons échos de l’association ( entre le largage, de celui, qui
pour moi, incarne et incarnera toujours l’association et sa philosophie, j’ai
bien sûr nommé Jean-Pierre[4] et
les échos que j’ai eu de la tournée du dimanche ( la seule que j’ai toujours
connu) où on aurait pu se croire à l’armée du salut ( au point de se faire
engueuler parce qu’on a essuyé des gamelles en inox, qui, je ne le savais pas,
ne doit être essuyé pour des raisons d’hygiènes, parce qu’on se fait engueuler
quand on a trop donné à un bénéficiaire et pas assez au suivant ( sans le faire
exprès bien entendu)). Alors voilà, l’envie me titillait de savoir ce qu’il
pouvait réellement en être et comment s’annonçait cette nouvelle saison, avec
en plus un nouveau président.

 

            Je
précise à l’intention des membres d’Abribus qui se baladeraient par hasard sur
ce site, que ce qui va suivre ( et ce qui précède par la même occasion) n’est
en rien à prendre comme des critiques, comme des attaques, mais n’est qu’un
sentiment, une impression sur des éléments qui m’ont fait « tilt »
mais qui pour l’instant n’ont pas été vécu personnellement. Je ne réfère pas
ici donc à un vécu mais plus à un ressenti. Ainsi donc, un des éléments qui m’a
marqué (et c’est le but de cet article, après cette longue et lourde
introduction) fut cette marche vers un certains professionnalisme qui parfois
gêne même si il peut s’avérer parfaitement justifié. Deux exemples pourraient
ici être les bienvenus, je vous prie donc de bien vouloir les accueillir sous
vos applaudissements[5] :
le premier est sans doute la présence de plus en plus importante des cuisiniers
qui sont désormais présents sur toutes les tournées. Et ils sont en plus très
présents : en général à partir de 14h alors que presqu’aucun bénévole
n’arrive avant 16h ( et bien souvent pas avant 17h). alors me direz-vous où est
le problème ? à mon sens, il est d’abord dans le fait que les bénévoles
quand ils arrivent ne s’occupent plus de faire les plats chauds mais ne font
plus que les toasts ( qui servent en fait à présenter aux bénéficiaires quand
ils attendent pour monter dans le bus pour se faire servir et qui servent aussi
à entrer assez facilement en contact avec les gens pour les bénévoles). Faire
les toasts c’est très sympa mais je trouve dommage que la cuisine ne soit plus
faite par les bénévoles ou que faiblement. Je vais sans doute aller très loin
dans le raisonnement mais j’ai envie de comparer tout cela à l’aliénation de
l’ouvrier que dénonçait Marx, ouvrier qui avait perdu tout lien avec ce qu’il
produisait, n’était plus qu’un travailleur qui ne savait pas ce qu’il
produisait. Le bénévole comme l’ouvrier en son temps est dépossédé de son
travail. Il y avait également dans le fait de préparer à manger nous-même un
investissement personnel qui permettait de bien faire le lien avec la tournée
qui suit la cuisine : on arrivait sur place avec quelque chose que l’on a
fait, presque quelque chose que l’on offre. Déjà à ce stade, on se donnait pour
l’autre, on participait. En plus, on savait ce qu’il y avait à manger, comment
on l’avait cuisiné. Alors certes, combien de fois on a pu pester en ouvrant le
frigo ou en allant dans la réserve et découvrant qu’on avait la place immense
qu’il peut y avoir dans un frigo vide ou dans un garage peu rempli, et que
donc, logiquement on se cassait la tête pour trouver des plats à préparer.
Ainsi avoir un cuisinier, c’est bien pratique pour trouver des idées ou
également pour faire quelque chose de plus goutu, de plus fin, alors que nos
savoir culinaires pouvaient parfois être limités. Mais avec un cuisinier qui
vient à 14h, le bénévole est relégué au rang d’aide cuisine ou au rang de
toaster. Ce qui m’a vraiment plu en arrivant à l’abribus ( et m’a fait y
rester) c’était cette ambiance familiale avec ce slogan qu’on aurait pu mettre
à l’avant du bus « fait-maison » : oui c’était un peu ça, entre
les scouts et les joyeuses colonies de vacances, on était tous là à préparer à
manger, à trouver une idée tant bien que mal, à corriger le goût comme on peut
( je me suis transformé à l’occasion en maitre-saucier à tenter de concocter
toujours une sauce plus ou moins bonne avec les ingrédients qu’on pouvait
avoir, une sauce plus ou moins épicée[6] pour masquer
l’absence de goût du plat), à improviser toujours avec ce qu’on a. oui,
j’aimais toute cette improvisation contrôlée, ces dimanches où on arrivait et
on se creusait le ciboulot pour faire quelque chose de correct. La qualité pas
toujours (mais toujours mangeable) au rendez-vous au final mais quelque chose
fait par les bénévoles. Alors, je lance cela comme une piste de réflexion,
ainsi ne serait-ce pas plutôt possible de faire venir les cuisiniers en même
temps que les bénévoles et éviter ainsi de faire que les bénévoles se
retrouvent désœuvrés ? ainsi les cuisiniers seraient là à collaborer avec
les bénévoles, à conseiller, à aider ce qui apporterait indéniablement un plus
pour l’association, les bénévoles étant ainsi actifs et la qualité des repas bien
augmentée. Alors pour les membres de l’association qui viendraient sur ce site,
ils me répondraient que tout cela n’est pas possible, que l’on doit partir à
18h30 pour faire les trois arrêts et qu’en 1h30 tout ne sera évidemment pas
prêt. Mais, dans un élan mêlé de nostalgie et de retour aux sources, j’aurais
envie de répondre que les 3 arrêts ne sont pas obligatoires : on a tourné
le dimanche depuis de nombreuses années ( grâce à Jean-Pierre) avec seulement
deux arrêts, permettant par là-même de passer plus de temps à chaque arrêt et
de plus discuter ( le but initial de l’association) au lieu de servir à la
chaîne sans lien humain avec les gens. Avoir deux arrêts permet de partir un
peu plus tard et ne conduit pas forcément à toucher moins de gens : certes
on avait toujours moins de bénéficiaires le dimanche que le jeudi ou le samedi
mais dans une proportion assez restreinte. Alors, oui, pour parler comme un
syndicaliste, j’ai pas envie qu’on revienne sur des avantages acquis de hautes
luttes. Sauf que pour l’instant on est malheureusement déjà revenu dessus…

 

            Le
second exemple que je pourrais donner peut être celui du concert qui semble
être programmé pour janvier prochain. Quand j’ai entendu cela durant la
réunion, j’ai intérieurement sauté de joie : chouette on va pouvoir se
rattraper et tenir compte des erreurs du précédent ( sachant que je suis
vraiment persuadé qu’il est facile de le réussir, dès lors qu’on tient compte
de ce qui n’a pas marché il y a deux ans). Mais il semblerait qu’ils aient tiré
d’autres conséquences que moi du précédent concert : le concert sera en
fait organisé par une association spécialisée dans l’organisation de concerts.
Alors certes, ils font appel à une association ( et non à une entreprise) et
cela ne nous coûtera rien, mais j’ai envie de faire le même constat que
précédemment : avec cette nouvelle professionnalisation, le bénévole se
trouve de nouveau dépossédé de son outil de travail, encore une fois, le
bénévole ne pourra pas mettre la main à la pâte ( un peu quand même, le soir du
concert, où il faudra mobiliser des bénévoles) mais l’essentiel du travail aura
été fait avant (comme avec les cuisines) et le bénévole arrivera seulement pour
parachever l’ouvrage sans avoir donné sa touche personnelle en amont. Alors
c’est sûr de la sorte, c’est l’assurance d’être rentable au niveau du concert,
mais que cherche-t-on dans une telle association ? la rentabilité ou
l’investissement du bénévole qui se sent intégré dans l’association ?
surtout que la non-professionnalisation n’est pas forcément synonyme de pertes
financière, il suffit de se rappeler du concert d’avant ( avec les Weepers Circus
et la Rue Kétanou) qui avait très bien marché. Je ne critique pas l’association
qui propose ainsi ses services d’organisation, mais je me dis qu’on est pas une
association de vieux gâteux et qu’on est capable d’organiser nous même ce genre
d’événement. Je me souviens donc de cette expérience d’il y a deux ans qui
avait certes été difficile ( presqu’aucun de nous n’avait de compétence dans le
domaine) mais malgré tout très intéressante ( comme de mon côté où j’étais en
charge d’établir le contact avec le groupe ce qui me permis par exemple un jour
de recevoir un appel du chanteur des hurlements d’léo ou à l’inverse de me
fâcher avec Karpatt…). Certes les choses étaient loin d’être parfaites mais on
peut se dire qu’on faisait les choses nous-mêmes et avec passion. Cette
dernière nous abandonnerait-elle pour faire place à la professionnalisation,
débarquée du monde de l’entreprise, de l’administration (non je ne parlerais
quand même pas de bureaucratisation, faut pas tout le temps exagérer) là où
elle ne devrait pas être…

 

            Sans
doute, je parle sous le coup de la nostalgie, celle de ma première et deuxième
année qui étaient semble-t-il différentes de ce qui peut désormais se passer et
que de ce fait, je refuse en quelque sorte ce changement, un peu bloqué dans le
passé, à regretter ce temps révolu, être pour une fois un peu rétrograde…

 

 

vendredi 19 octobre 2007



[1] Oui, ça me va plutôt bien
dit comme ça… dit comme ça d’ailleurs je me dois de toujours être décroissant
pour toujours rester à l’âge de Pierre et donc être intègre avec moi-même… ou
tout du moins intègre avec ma naissance.

[2] pour rassurer tous les
gens qui me connaissent, je ne pense pas réellement être décroissant et je ne
pense absolument pas que la décroissance corresponde à cette description
sommaire et plus que caricaturale. Simplement c’est un courant de pensée qui
m’intrigue et m’attire pour sa vision du monde en complète opposition avec ce
que l’on peut construire aujourd’hui, avec ce que l’on peut mettre dans nos
discours (ne serait-ce que cette obnubilation pour la croissance qui commence à
me courir sur le haricot) et notre mode de vie)

[3] avec ou sans
« W » Chloé ?

[4] non pas Bacri… comme je
vais pas le citer aujourd’hui, il faut bien que je me rattrape d’une manière ou
d’une autre…

[5] « Jacques Martin, si
tu me lis … »

[6] ah je me souviendrais sans
doute longtemps de cette sauce tomate quelque peu épicée qui fit ma réputation
dans ce poste…

l’heure du bilan ?

Alors comment c’était ? – deuxième

 

 

« Alors comment c’était ? ». non pas comment cette été ? mais comment c’était avant, comment c’était là-bas, comment c’est quand c’est pas chez nous, le chaînon manquant de notre culture, celui qui met des ratures dans notre littérature, celui qui nous rappelle combien on est pas mature. Alors j’en retourne dans ma turne, sans ma tune, celle que j’ai dilapidé sans trop d’idées, juste à ne pas rider l’esprit, à ne pas retenir ce qu’on a prit. Alors comment c’était ? l’heure du bilan a-t-elle sonné ? mais on t’a pas sonné. Ce n’est qu’un aurevoir, s’était on dit en partant mais quand on regarde dans le miroir que veut-on en revoir ? toute cette année qui n’a rien à voir et qui pourtant en donne tant à voir nous laisse sur la langue un goût amer, à se jeter à la mer, sans lancer de SOS, pas que la détresse ne soit plus là mais tout ce qui reste semble nous laisser sur notre faim. Pourtant la fin est proche et bientôt tout cela ne sera plus qu’éphémère, souvenir, regard dans le rétro. C’est peut-être cela que l’on ressent désormais la fin de toute cette vie d’envie. Comme si, tout cette année n’avait été que le dernier tour de piste, un tour certes royal et triomphal comme une apothéose de ceux qui osent, comme une point culminant de ceux qui refusent d’être des ruminant, une apogée de ceux qui ne seront jamais âgés, un summum de ceux qui veulent toujours le maximum, un zénith pour ceux qui connaissent pas de limites. D’un coup d’avion et vlan tout cela semble se dissiper comme des nuages sous le mistral, comme un mistral gagnant qui nous rappelle à la nostalgie de ce que tout cela sera bientôt. Parce que tôt ou tard, il faudra se faire une raison et ranger ses caleçon, bien calé sous la ceinture, qui nous cale le bide, comme si tous les désirs de tout cela n’étaient que viscéraux et que tout pouvait s’échapper de nous sans cette lanière de cuir qui transforme le désir du ventre en rot, en somme, extrait de ce désir de vivre sans cesse présent. Ainsi derrière la ceinture, tout reste à s’agiter, ne pouvant se contenter de ce gîte et cherchant toujours à dépasser cette maudite limite qu’on a pu si souvent, enfin on le pense, déplacer toujours plus en avant, sans que ce soit du vent, du moins c’est ce qu’on croyait. Parce que difficile déjà de faire la part des choses, difficile de couper en parts égales, que tous et toute en reçoivent pareils, parce que l’instant d’après on est déjà à posteriori à regarder dans le rétro, bien loin d’être rétro, bien au contraire, si vite idéaliste, idéalisant comme en lisant, en réécrivant tout, à une autre sauce pour ne pas tomber sur un os, pour lisser parfois, pour se hisser si souvent, soit même en haut de l’affiche. Chiche, pour en garder que le meilleur, se dire que c’est mieux ailleurs, parce qu’ici, parce que ça, cou ci cou ça qui se transforme en « c’était comme ça » sorti comme une conclusion de papi qui raconte des belles histoires dans son fauteuil auprès du feu, un vieux papi un peu hippy, un vieux papi assez happy, un vieux papi limite groupie, un vieux papi qui en enfant de communiste regrette sa jeunesse en groupe, sa jeunesse sur la route aussi, une route qu’il ne connaissait pas, une route qu’il s’est lui-même construit, une route de mois d’août, pas pour la saison mais pour l’esprit, sans doute, sans doute, une route que l’on prend comme l’on prend un taxi à Moscou, un peu comme un casse-cou. Un peu casse-couille des fois aussi, parce que de vivre on s’enivre et de cette sensation qui nous mouille la chair et les os on en attraperait le rhume, comme un rhum mal digéré qui vous rend de mauvais poil, comme un morceau de maroille mal ingurgité, parce qu’on ne voulait rien gérer et qu’on s’est trompé de route. Mais comment se tromper quand on en a pas justement de route ? comment perdre quand on a rien ? comment être déçu quand on espère pas ? se sentir à poil pour se vêtir de ce qui vient, sans ce convertir, pour se divertir et si souvent se travestir, parce qu’on est plusieurs, sans être schizo, sans se couper les cheveux aux ciseaux, sans se plier en quatre, juste se dire qu’il y a pas besoin de prendre date, que les jours ont leurs minutes et secondes, qu’il ne faut qu’elles nous secondent, comme une onde qui passe au dessus de nos têtes, tous les yeux au ciel à la regarder, à la polir des yeux, à la travestir au lieu d’investir, non pas en bourse comme un ours, mais juste dans cette vie qu’on ravit à nos parents.

 

Toute une année de plus en moins, quelque chose de bientôt loin, à remuer son groin dans la boue pour en retrouver des traces de cette vie qui trace et ne nous a laissé que le souvenir de la glace ( du moins quand on était dans un pays nordique). Alors que le froid de l’hiver commence à nous saisir, on en revient à penser à celui qui nous rassasie parce qu’il fut si présent, si pesant qu’on était à satiété, à attendre l’été. Mais l’été venu nous a déjà bien vite fait regretté tout ce passé gelé, réchauffant les sentiments dépassés, de la neige grisâtre devenue pureté éternelle. Alors que la neige ne semble plus en vue, que le froid semble ne plus être question de désarroi tant il est peu probable, on y pense pour qu’on panse, ces émotions comme une lotion concentrée en sentiments qui nous revigore, nous débouche les canalisations comme « vigor », nous donne un teint d’éclat, d’éclat de rire, d’éclat de sourire, eux bien trop souvent exagérés, sur le moment déjà édulcorés, décorés à coup de fluo, à coup de lignes courbes qui nous évitent qu’on s’embourbe, qu’on soit toujours un peu aérien, l’air de rien, dans les nuages, d’un air sage, sans âge, toujours en vivant avec la rage. Mais d’une douce rage, d’un doux orage, où l’eau coule à flot, les éclairs hantent le ciel mais ne viennent en aucun cas effrayés les chalands.

 

Toute une année glacée qui sonne le glas de nos jeunes libertés d’une telle rareté, à moins qu’il soit question de contestation et qu’on ne descende pas à la prochaine station, qu’on prolonge le voyage, pas forcément dans le même wagon, mais vers la même destination inconnue, toujours un peu nu dans cette vie à toujours se vêtir. Mais pas question de shopping organisé, à la manière d’un Tour Operator, juste passer devant les échoppes, les boutiques et que d’un seul coup ça fasse « tic », qu’on s’y arrête un instant pas pour un passe-temps mais pour l’envie et le feeling, qu’on se décide au jour le jour, à la seconde qui nous seconde, au temps qui nous devance, au temps qui n’est enfin plus méfiance.

 

 

Mercredi 10 octobre 2007.

grenelle de l’environnement

à l’avant de son « 38 »

 

 

 

 

Accroché à son autoradio

Allumé comme un pequenaud

A baguenauder sur le périph’ en anneau

Et ne plus savoir qui est le plus idiot

 

Enfumé derrière ses machines

Déconnecté de toute temporalité

A enchaîner les bornes sans moralité

Et ne plus savoir pourquoi on produit pas en Chine.

 

Juste à l’avant de son « 38 »

Pas souvent sur son 31,

Même si il faisait pas les 3-8,

Il a souvent vu le Trentin.

 

Du marchepied qu’il a écrasé

De la cigarette qu’il a ingurgité

Il ne court pas après le gîte et

Le couvert, vert de rage qu’il n’est rasé.

 

Il a été de tous les conflits

A ne rien lâcher pour la profession,

Acceptant tout comme une mission

Quitte à ne pas être poli.

 

Juste à l’avant de son « 38 »

Pas souvent sur son 31,

Même si il faisait pas les 3-8,

Il a souvent vu le Trentin.

 

Il poursuit année après année

Son chemin sur les routes qui mène à Rome

Les routes qui rende amère un homme,

Un homme à la mer sans une bouteille de damné.

 

Il aligne les droites lignes

Sans tenir compte de la sienne,

Mais tout ça c’est comme une cigogne alsacienne,

Une image sans doute peu digne.

 

Juste à l’avant de son « 38 »

Pas souvent sur son 31,

Même si il faisait pas les 3-8,

Il a souvent vu le Trentin.

 

Juste un chauffeur comme un autre

Juste un homme surtout comme tout autre

Qui bientôt sera au chômage

Et que vive le fer-routage.

 

Juste à l’avant de son « 38 »

Pas souvent sur son 31,

Même si il faisait pas les 3-8,

Il a souvent vu le Trentin.

 

 

Jeudi 4 octobre 2007.

rentrée au quotidien

« Alors comment c’était ? »

 

 

Ah quelle question, ah quelle réponse donner… le calvaire continue. Je le craignais en partant de Finlande pour les premiers jours de retour en France, mais rien à ce moment. Et c’est maintenant que ça me tombe sur le coin de la gueule, par tous ceux qui devraient aussi en avoir marre de tout cela, de cette question. Oui, question con qui a été sans nul doute une des plus exprimées, et pas seulement par nos yeux curieux de savoir, curieux de connaître, mais clairement posée, clairement affirmée « comment c’était cette année ? ». pourtant, eux aussi y étaient, pourtant eux aussi doivent en même temps en avoir marre de répondre à cette question, eux aussi savent surtout qu’on ne peut y répondre. On peut dire « comment c’était ? » à la sortie du ciné, à la sortie du pénis, à la sortie d’un théâtre, au retour de vacances mais pour un an, une petite vie… J’imagine dans ma tête qui aime bien superposer ce qui n’a que peu de lien ( en apparence, parce qu’au fond, il y en a toujours un), qui aime donner des exemples fictifs un peu étranges ( et celui-là est vraiment fictif, sauf pour certains, mais il n’est pas l’heure d’un débat théologique alors je m’abstiendrais de demeurer trop de lignes sur ce sujet), Dieu ( ou Saint Pierre si le patron s’est absenté et qu’il revient à Saint Pierre de prendre sur ses RTT pour remplacer le boss) demander aux nouveaux venus tous frais de la mort « alors c’était comment toute cette vie sur Terre ? ». je ne veux même pas insister sur l’évident regret du mec qui vient d’arriver devant Saint Pierre ( à moins qu’il s’agisse d’un suicidaire qui serait, pour le coup, vraiment au Paradis) à se dire que c’est fini et qu’il doit passer à autre chose, qu’il ne revivra plus jamais cela. Mais tout être normalement constitué ne pourrait donner en quelques mots une impression sur toute une vie.

 

C’est peut-être mon manque d’habilité à manier les mots de manière à les économiser comme un épluche légume inventé pour ne perdre une miette des précieuses pomme de terre, mais il me paraît toujours difficile de synthétiser des choses si différentes, si contrastées, et si vivantes dans quelques mots. Comment peut on faire ressentir la passion, l’excitation d’une vie en trois ou quatre mots, en quelques expressions. Même à jongler avec les mots à merveilles, il nous faut forcément nous servir de toutes les couleurs de la palette et lorsqu’il s’agit de faire passer tout ce qui s’est justement passer, comment faire l’économie d’une seule couleur, d’une seule teinte sans compter que la peinture n’a sûrement pas été notre seul matériel, entre la gouache, la peinture, les crayons, le posca, le feutre, les papiers kraft, les papier Cellophanes ( genre « the science of sleep »), la mousse, le carton, le tissus, l’encre, le fusain, la photo, les découpages, le plastique ( c’est fantastique), les métaux, on veut tout utiliser, forcément, on veut reconstituer tout ce tableau, le refaire à l’identique, même en mieux bien souvent, en pire aussi mais toujours avec plein de choses, vraies ou fausses, reconstruites, mélangées, distordues, retordues, méga-tordues. Oui l’emphase, l’exagération, les digressions aussi longues et incompréhensibles, aussi longues et troublantes, aussi longues et déconcertantes, aussi longues et ennuyantes parfois, aussi longues et insaisissables, aussi longues et diverses, aussi longues et tordues encore, aussi longues et nombreuses que celles de mes textes. Oui Small is beautiful. Mais « how do you do ? ». “Do you, do you Saint-Tropez ?” not really, maybe that’s the point. Your point of view, your point of vieux. Pas que Saint Trop’ et toute la côte soit à la côte que chez les vieux , ne soyons pas médisant. Mais c’est cet esprit Saint Trop’, cet esprit « c’est trop » qui fait qu’on en fait toujours trop, qu’on en montre trop surtout qu’on parle et parle pour ne rien dire, qu’on pose des questions sans rien retenir, qu’on pose des questions parce qu’il faut en poser, qu’on demande sans rien attendre, comme ces « ça va ? » désormais lâchés comme des « bonjour » sans réellement attendre de l’autre qu’il nous dise qu’il ne va pas (d’ailleurs jamais personne ne vous répond «  non ça va pas ». ou si il vous le répond, sa tête l’indiquait déjà et dans ce cas l’intonation du « Ca va ? » en tient déjà compte, avec cette légère tonalité mélange d’inquiétude et de compassion). Oui cette question « comment c’était ? » comme parfois comme un nouveau bonjour. Même des gens avec qui je n’avais pas de contacts très rapprochés me le demande… alors je sens déjà venir les mécontents qui voudraient m’accuser d’aigreur ou de misanthropie, d’exagération ou d’éternel mécontentement social. Mais rien de tout ça. Vraiment, je n’ai rien contre eux et je suis moi même aussi du même mal et il m’est arrivé de poser cette question stupide. En même temps il faut les comprendre : comment l’éviter quand on rencontre des gens qu’on a pas vu depuis un an et qui ont eu une vie de merde en France alors qu’on faisait du tourisme pendant un an aux quatre coins du monde ? évidemment ils sont nécessairement envieux et la question doit bien vite poindre sur leurs lèvres avant qu’elle ne s’en détache et vienne bourdonner à nos oreilles. Il faudrait être indulgents avec eux. Il le faudrait également avec tous les pauvres qui sont partis en Allemagne, parce que ça devait pas être facile tous les jours, alors évidemment la curiosité (et le regret de n’avoir pas plus réfléchi au moment de partir) fait naître dans leur cerveau cette même question. Mais les autres ?

 

            Ainsi on ne peut y échapper, faisant de cette rentrée, une réelle rentrée après l’année à l’étranger, une réelle rentrée en France. Parce que rentré en juin dernier, les mois d’été étaient une sorte de transition entre la Finlande et la suite des études. Il semblerait que j’atterrisse définitivement maintenant, juste quand je finis la déco de ma chambre dont les murs sont désormais tapissés de cartes de la Finlande et de la Scandinavie…

 

 

Mardi 2 octobre 2007.