Archive for the ‘ mots brouillons ’ Category

lucarne de lune

Une lucarne se dessine sur le matelas.

La lune est là.

Sous l’effet du vent elle s’incarne,

Ses projections dansent sur les draps que j’agite tout autant.

Le temps est mouvementé,

Le bateau gîte

Et le gite n’est plus très sûr.

Je suis à découvert

Et la lumière m’emmène au diable vauvert.

Sous les doigts,

Les formes ondoient.

A présent le faible flot de lumière file entre eux.

Comme un filet d’eau qui les effleure

Le cœur à fleur de peau nous mettant l’eau à la bouche

Pour peu que le doigt y touche.

Il nous en bouche un coin – de la bouche –

Et fait mouche.

Le rectangle de lumière

Sans grand angle

S’axe sur le bel astre.

D’ici ses balafres

Les affres d’astéroïde,

Les cratères de mystères m’échappent.

Je préfère son écharpe de lumière,

Ses rayons de harpe blême qui frappent mon visage,

Sans outrage.

Si rien n’y pousse,

Elle se fait douce.

Les tourments filent en douce

Et bientôt les songes s’ébrouent.

Si ce n’est qu’un fragment,

Si ce n’est qu’une lueur,

Cette sombre pâleur

Comble nos errements.

Elle se pose près de nous,

Nourrit notre regard,

Lui rend toute sa vigueur,

Détourne ce qui nous égare.

Sa présence indubitable

Ne dicte rien.

Elle nous indique le chemin,

Celui qu’il nous appartient de choisir.

La voie lactée n’est jamais loin.

Elle élague l’esprit et le libère

Ouvre l’amplitude des choses

Nous chausse de pompes de sept lieux

Traversant tout lieu en trombe.

La voie lactée ne rentre pas dans la lucarne

Plus vaste, elle préfère rester discrètement à la porte.

La lune se fait œilleton,

Eclairant en son milieu

Les mirifiques lieux.

Elle nous ouvre les portes des cieux

Qu’on voit par le trou de la serrure

Comme une lucarne en œil de bœuf.

les mots du chemin

Les mots molletonnés

Me tenaient la route

Coussins à desseins,

On y couche des idées tendres.

Pour s’y détendre,

On les allonge sur les linges.

Dans leurs bras,

J’ai disparu sous les draps.

Sparadrap pour tous les maux

Ils me pansent.

La panse et l’estomac

Flottent dans le hamac,

Le filet défie la pesanteur du corps plein,

Des corbeilles qu’un corps

Baille sans les corneilles.

Il se déracine

Et dessine les cimes

Que la nuit en lui sème.

Les phrases les essaiment

Dans des textes qu’il pollinise,

Polémiques ou analyses,

La saveur d’Anis

L’électrise

Et baise la brise.

Les foutaises

Lui baisent les orteils,

La délicatesse n’est jamais d’un délice d’aise.

Si l’œil cligne

Les plis du lit sous la vigne

L’enivre de cinétique.

Le tic s’émousse

Pendant qu’il amasse

Les clips sous la tignasse

Qui veille au grain.

Ils flottent et trottent

Le galop serait de trop

Un rythme qui efface les traces

Soulève la leste poussière,

Zeste du suave d’hier,

Il fait oublier ce que cela veut dire.

Les mots marchent au pas,

Le pas chaloupé du chat chahuteur,

Chuchotant ses charmeuses plaintes

Lancées à qui voudra y répondre.

Ils offrent leurs chemins

Qu’il nous faut chercher

Sans connaître leurs fins

Le chas de l’aiguille nous guide.

Ils ne sont jamais là pour nous

Nous les confondons toujours dans l’entrelacs

Où nous les plongeons d’un geste.

Leur peau cesse d’être,

Flétrie, elle s’étiole,

Son fruit s’étire en corolles

Il regorge jusqu’à renaître.