Archive pour août 2007

farniente in supermarket

Dancing queen – Facing queen

 

 

Après l’intérim, l’aspirine. Non je ne travaille pas dans une pharmacie mais le pendant de la pharmacie : employé libre service au rayon liquide spécialisé dans les alcools d’un super U. eh oui, j’ai trouvé quelque chose de stable, de durable, même si il s’agit d’un CDD mais pour un étudiant comme moi, ça reste définitivement mieux que l’intérim. Mais le CDD c’est pas une potion magique qu’on engloutit d’un coup sec et qui vous revigore tout l’organisme : l’estomac, les intestins, le foie, le rectum et tout le tralala. Surtout c’est pas évident à trouver. Particulièrement celui-ci. La demande ne datait pas d’aujourd’hui mais de février dernier. A la fin du mois de juin, Super U me rappelle pour un entretien alors que je n’avais eu aucune nouvelle entre temps. Mais j’ai pas vraiment envie de faire la fine bouche. En guise de mise en bouche sur ce qui m’attend, un entretien à 3 : oui étrange manière de procéder où le patron reçoit 3 personnes en même temps. Surtout bien étrange qu’il nous interroge l’un après l’autre : comme je suis chanceux, je termine l’entretien : j’ai donc eu tout loisir d’entendre les questions posées, les réponses fournies, les réactions esquissées. De quoi savoir ce qu’il vaudrait mieux ne pas répondre. Malgré un entretien qui se déroule bien, le doute déroule lui-même le tapis rouge dans mon esprit pour tenter de me faire perdre sur tapis vert: « tiens salut le doute, bien assieds toi, prends place je t’en prie» comme dit Chloé. Le doute oui, parce que lorsqu’on est trois à passer un seul entretien et que le patron en fait plusieurs de ce genre, on se dit qu’il y a du monde sur le pont. Et puis le doute disparaît parce que, parce qu’on a pas de nouvelles. Le doute est une question de certitude et d’incertitude : le doute a besoin d’une situation d’incertitude. Le doute est une forme d’espoir, le doute peut être positif ou négatif mais, comme l’espoir ou le désespoir, il est nécessaire d’avoir une situation d’incertitude pour que naisse le doute. Alors quand on vous dit que la réponse sera donné à l’heureux élu en fin de semaine et que votre portable reste muet comme une carpe, on sait bien que c’est pas pour soi.

 

Mais Miracle. Life is miracle comme disait Emir. Et oui, un beau jour ou peut-être une nuit, une fille de chez Super U vous appelle pour vous demander si vous aviez bien été prévenu que vous aviez été retenu pour travailler chez eux… eh oui quelqu’un avait tout simplement oublié de me prévenir, ça s’invente pas… Du coup je me retrouve désormais tous les matins à 5 heures et demi à sortir des bouteilles de pastaga, de whiskey … ce matin j’ai même eu mes premières casses : une bouteille de porto et puis une bouteille de whiskey à au moins 25 euros…du coup j’ai du mal à comprendre ceux qui peuvent entamer la journée par quelque chose d’alcoolisé : rien que l’odeur qui est resté aux alentours du sol durant deux ou trois heures me dégoûtait, en plus de me saouler légèrement : les vapeurs alcooliques sont sans doute bien plus efficace qu’un simple verre des fois. Vous l’aurez donc compris, Super U, c’est un peu le farniente : parce qu’en plus des apéro, j’ai du temps pour la glande. En ce moment il n’y a pas foule et des fois j’ai l’impression d’être payé à rien faire, le sentiment d’être en Union Soviétique, où l’on hésitait pas à employer à tour de bras même si l’ouvrage manquait, juste pour pas avoir de chômage. J’avais déjà expérimenté cela aux archives départementales où j’étais payé à lire (« j’ai quasiment pas été dérangé : j’ai pu lire toute l’après-midi » aurait dit Denis à quoi Henri aurait sans doute répondu «  et ça a l’air de te faire de la peine »[1]), mais à cette époque c’était le public, alors que là c’est le privé. Je pensais que dans le privé, à l’heure du profit, de la rentabilité, de l’efficacité, des fonds de pension, on ne pouvait pas se permettre d’embaucher pour rien. Eh bien si. Il reste encore des havres de glande dans le privé.

 

Mais on ne glande pas vraiment. Non, quand on a rien à faire, on fait du facing : pour ceux qui ont déjà eu des cours de marketing, cela est peut-être quelque chose de connu : le facing ( toujours prononcé à la française bien sûr) c’est le fait de proposer au consommateur une jolie façade, un rayon bien rangé de manière à ce qu’au temps du supermarché, le produit se passe de son producteur et sache se vendre tout seul. Eh oui, les supermarchés, c’est cela, des produits qui doivent, par leur étiquette, leur présentation, leur emplacement, se vendre eux-mêmes. Le Facing, au début c’est marrant, on s’applique, on fait du zèle et on se prend pour un pro du marketing, on se dit que oui, on va faire grimper les chiffres de vente du Super U de Joué-Lès-Tours ce qui va avoir des répercussions positives sur l’ensemble du groupe, qui va réaliser des investissements monstrueux qui vont s’avérer très judicieux notamment lié au regain d’activité et ainsi on sera tour à tour nommé chef du rayon liquide, puis gestionnaire des espaces de vente, puis chef du Super U de Joué-Lès-Tours avant d’être responsable régional ce qui fera de nous un émissaire spécial en Chine, marché en plein boom avec des perspectives de développement extraordinaires, avant de prendre la tête de Super U France pour finalement étendre la marque au grand U sur l’ensemble de la planète et ainsi détrôner Bill Gates au classement des plus grandes fortunes du monde, même si c’est plus lui mais un Mexicain mais Bill Gates dans des rêves mégalo, ça fait plus classe. Oui, le facing c’est tout cela. Parce que le facing, c’est le temps de rêver, le temps de penser, de pendre son temps, de le perdre aussi dans un autre sens.

 

Et puis ce matin, Yohann, un de mes collègues au rayon liquide m’a présenté une collègue considérée par lui comme la reine du facing. Simple boutade que j’ai pris au mot ce soir en réécoutant le fameux « dancing queen » d’Abba. Ainsi dans mon esprit l’association d’idée s’est bien vite faite et la dancing queen fut bien vite associée à la facing queen. Alors évidemment, je vous fais dès à présent part de mes stimulations neuronales, même si je n’en suis pas pleinement satisfait : j’ai bien pris goût à la réécriture des paroles de chansons mais je dois avouer que l’exercice dans la langue de Steinbeck m’est un peu délicat. Alors après cette intro (eh oui, tout ceci était une introduction, rien de plus…), en premier lieu, la version originale, avant la version remaniée, la version Super U…

 

You can dance, you can jive, having the time of your life

See that girl, watch that scene, dig in the Dancing Queen

Friday night and the lights are low

Looking out for the place to go

Where they play the right music, getting in the swing
You come in to look for a King

Anybody could be that guy

Night is young and the music’s high

With a bit of rock music, everything is fine
You’re in the mood for a dance
And when you get the chance…

You are the Dancing Queen, young and sweet, only seventeen

Dancing Queen, feel the beat from the tambourine

You can dance, you can jive, having the time of your life

See that girl, watch that scene, dig in the Dancing Queen

You’re a teaser, you turn ’em on

Leave them burning and then you’re gone
Looking out for another, anyone will do

You’re in the mood for a dance
And when you get the chance…

You are the Dancing Queen, young and sweet, only seventeen
Dancing Queen, feel the beat from the tambourine
You can dance, you can jive, having the time of your life
See that girl, watch that scene, dig in the Dancing Queen

 

 

 

You can place, you can drive, having the time of your boss

See that girl, watch that scheme, dig in the Facing queen
Everyday morning and the light are low

Looking out for the shelf to go
Where they put the right product, getting in the business

you come in to quit the loneliness

Anywhere could be that shelf

Night tell you that you’re not a dwarf

With a bit of biscuit, everything is fine

You’re in the mood for a face

and when you get the chance…

 

Your are the facing queen, working to eat, only twenty five

Facing queen, feel the heart of the early braves

You can place, you can drive, having the time of your boss

See that girl, watch that scheme, dig in the facing queen

 

You’re a worker, you turn them round

Never leave products waiting at the end

looking out for gaps, anyone has left

 

You’re in the mood for a face

And when you get the chance…

 

You are the facing queen, working to eat, only twenty five

Facing queen, , feel the heart of the early braves

You can place, you can drive, having the time of you boss

See that girl, watch that scheme, dig in the facing queen.

 

 

Lundi 14 août 2007.



[1] Ça faisait longtemps que j’avais pas cité Bacri…

 

tour de rein dans le cerveau

Tout et rien, tout est rien, d’un tour
de rein, un rien du tout, pour tour à tour, n’être rien de rien et tout au
tout.

Des effluves d’alluvions en allusion pour
l’illusion des ions les plus riches. Chiche ? oui partant par tous les
temps, surtout ceux qui courent. Mais courir à quoi ? à part à sa perte,
pas vraiment du risque. Prenons du large, de l’avance. On avance, on avance. Ça
c’est une évidence mais on a pas assez d’essence. Qu’on utilise nos sens et
l’on trouvera comment relancer. Sans les relents du passé. Pas assez, c’est
toujours trop. Trop pour qu’on ne fasse pas rien. Rien n’est rien avec rien.
Rien est quelque chose avec quelque chose. Qu’on y ajoute quelque chose et le
rien disparaît. Rien n’est qu’une variable d’ajustement prête à mettre les
voiles au premier orage. O rage, O désespoir. Mais c’est toujours mieux que du
rien. Non rien de rien, je ne… oui du rien au néant il n’y a qu’un pas, qui
comme son nom l’indique interdit ? né poussière, on y retournera. Alors ne
précipitons pas les choses. Que le tragique s’évanouisse et nous laisse le
drame et la comédie, celle toute plus humaine qui veut faire un croche pied (
rigolard aurait ajouté Desproges) à la mort, alors que c’est elle qui nous le
fait le croche pied au final. Humour de cimetière, humour du désespoir, humour
du jubilatoire aussi. Alors méritoire est la mort. A ne pas y croire on
l’oublierait presque et l’on n’aurait plus que la nature pour pleurer. Mais que
de mots pour tout cela. Et le machin n’avance pas, on en reste bloqué là, dans
la boue, sur le bord du chemin, parce qu’on voudrait bien le prendre mais,
mais… mais il n’y a pas de mais qui tienne. Pas plus qu’Etienne. Non, rien ne
tient. Mais si on y s’abstient. Tiens, tiens… dans ce tintamarre de cacophonie,
de mixage lexical, on en oublie les replis, ceux dans lesquels on se love pour
se voiler, pour faire une pause, oublier justement, tout cela, tenter de graver
le marbre friable sous nos doigts. Pas question de mur bien ficelé, les prises
sont rares mais les appareils de plus en plus nombreux. Alors comment résoudre
l’équation ? on peut isoler un des membre de l’équation et tenter de
trouver l’inconnu dans ce qui reste ou bien substituer un des éléments. La
substitution est une tradition : on substitue un problème, une angoisse
par une autre. Le Ciel ne me contredira pas sur ce point. Et là je marque un
point. Un point pour construire un nouveau pont, et non plus une tour parce que
c’est de l’horizontal pas du vertical qu’il nous faut, parce que c’est entre
nous que tout se joue, parce que l’au-delà ne vaudra jamais l’eau d’ici, parce
que « si ton Ciel peut attendre, la Terre ne le peut plus » ( comme
le dit si judicieusement Gustave Parking), parce qu’à attendre une autre vie,
on perd sa vie, à vouloir gagner ailleurs, on perd ici. Oui des mots toujours
des mots. Mais qu’en fait-on de tout cela ? on les couche sur du papier,
mais du papier qui reste dans un tiroir bien au chaud, dans son peignoir de
chaleur intérieur, rieur à tout ce qui ne le touche pas. On écrit pour exorciser
et non pour s’exercer. Des paroles en farandoles, qui font rêver, donne
des idées, des idées ratées, desiderata qui se rétame dans la ratatouille,
ouille, ça fait mal. Aie la réalité nous fait face, in your ass. Assez d’être
apathique dans la vie et plein de criptonite dans le papier. Mettre de la vie
dans le papier et jeter le papier dans la vie, qu’il s’y cogne, s’y confronte,
s’y froisse, s’y glace, s’y sulfure, s’y cuise, s’y millimètre, s’y bonbonne,
s’y cansonne, s’y tue mouche, s’y identifie, s’y frotte aux fesses, s’y russe
(papyrus), s’y emballe, s’y mâche, s’y journalise, s’y peint, s’y graisse,
simagrées, ci-git plus que du papier, ci-git pas qu’une plaque de marbre,
ci-git un corps d’une vie de papier, d’une marionnette de papier, qui s’agite, se
meut, s’émeut, beugle à qui mieux-mieux,  rêve du mieux qu’il peut, parce
que même si on ne coupe jamais les fils, on peut les déplacer et, comme disait
l’autre, faire bouger les lignes…

 

                                                                                                                                                Dimanche 29 juillet 2007