Suivant les pratiques de sa caste, il avait longtemps arboré cette longue mèche – que d’aucuns diraient rebelle – balafre capillaire sur son front de plus en plus dégarni dont il s’évitait régulièrement la présence d’un revers nonchalant de la main, avant qu’elle ne revienne mécaniquement en place. Sautant les transitions, quand le sel l’emporta sur le poivre, il coupa dans le vif, se séparant à la fois de cette mèche à l’allure décrépite et des restants de cheveux sommitaux pour rejoindre sans plus attendre le stade du collier capillaire, ultime étape de la coiffure de sa caste.
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L’invasion fait de nouveau rage. Les hordes ennemies ont de nouveau fait irruption sur le front. Il tanne de nouveau le cuir. Mais nos forces ne battront pas de nouveau en retraite. Nous ne reculerons pas d’un poil. Nous sommes véritablement prêts à tout cette fois-ci et s’il le faut nous ne lésinerons pas sur les produits chimiques. Ils peuvent se faire des cheveux, je peux garantir que cela ne sera pas du coton. Et si nous avons laissé les troupes se reformer suite à nos précédentes offensives car nous les croyions définitivement hors d’état de nuire, nous serons cette fois-ci intraitable, harassant jusqu’à leur dernier troufion.
Ce matin, je suis allé chez le coiffeur et ai acheté un nouveau shampoing antipelliculaire. Cela va être une boucherie capillicole.
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Sa tonsure enfin assumée et revendiquée comme telle – sans pour autant contrevenir aux principes de laïcité – détachée de toute référence sportive usurpée – car seul un crâne chauve doit en l’occurrence faire référence – il retrouvait tout son éclat et la fierté qui avait fait de lui, dans sa jeunesse, un dragueur invétéré, prenant appui sur une esthétique d’Apollon. Il n’avait seulement pas songé aux reflets peu enjôleurs qui accompagnait désormais ses sorties en boite de nuit. La vieillesse parfois, insidieusement, se confesse.