l’Alsace, pays d’accueil !
Pays de merde !!!!
L’Alsace me
pompe mes derniers espoirs en la bonté humaine. Je ne m’attarderais pas sur le
marché de Noël comme version alsacienne de l’attrape-touriste mais je vais
parler des alsaciens eux-mêmes. J’avais une petite envie de sauna qui me
picotait l’épiderme et me chatouillait le ventricule gauche ( mais pas le
droit, il est un peu insensible). Alors, bon, je me suis décidé pour les bains
municipaux de Strasbourg. Le lieu est vraiment sympa : ça fait un peu
centre thermal du début du siècle : du carrelage vert un peu pâle, des
grandes barres dorées pour l’accès aux bassins d’eau froide, des pommes de
douche d’une taille phénoménale… en plus ils fournissent même les serviettes
(bon pour être précis, il s’agit de draps mais on dira rien…). Après m’être
fait presque rappeler à l’ordre par le surveillant qui pensait que j’allais
éviter la douche avant le sauna ( alors que j’allais juste boire au robinet à
coté du sus-décrit sauna) j’ai enfin pu pénétrer dans le fameux lieu. Bien,
très sympa, assez grand, trois niveaux, un four assez grand, il a l’air assez
ancien. Pour un sauna moderne, c’est un de bonne qualité. Mais l’eau ? où
est l’eau ? mince, il me faut mon seau d’eau pour raviver un peu le feu,
ré-humidifier toute cette atmosphère saturée de sécheresse. Bon tant pis, sans
doute il a été oublié dehors. En sortant, effectivement je tombe dessus.
Alors au
moment de retourner au sauna, je pense bien sûr à remplir d’H2O le
fameux seau de bois. J’ouvre la porte du sauna, commence à me frayer un passage
pour accéder au plus haut niveau et là c’est le drame… non je ne marche pas sur
la main de quelqu’un, je ne renverse pas non plus de l’eau sur un collègue de
sauna. Alors pourquoi ça commence à gueuler ? qu’est ce que j’ai pu
faire ? j’ai juste de l’eau, rien de bien incongru. Bah il faut croire que
si : je commence à doucement me faire incendier précisément parce que j’ai
amené de l’eau dans le sauna… j’en ai même pas mis, je lui ai juste fait
franchir le seuil du sauna et les vieux du premier rang se mettent à bramer
plus fort qu’un serf en rut. « si
vous voulez de la vapeur vous allez au bain de vapeur. Vous avez pas vu ici, y
a pas de vapeur » . et moi surpris pas tant de véhémence, tant
d’intolérance gratuite ( j’aurais évidemment demandé l’assentiment général pour
mettre de l’eau sur le feu[1] parce
que le sauna n’est pas un jouet, certains ne supportent pas trop la chaleur[2]) je
me vois commencer à répondre « mais on
est bien dans un sauna non ? j’ai passé un an en Finlande, et dans un
sauna on rajoute toujours de l’eau » (ou quelque chose du genre). et
puis ils partent sur des considérations troisième-agistes : la jeunesse se
permet tout, nous on est vieux, on sait mieux que tout le monde et puis même
des considérations alsaco-alsacienne avec des allégations sous-tendant
l’invention du sauna par les alsaciens… qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre …
alors bon, après avoir tenté de donner quelques éléments techniques pour étayer
ma position, je la ferme, parce que ça ne changerait rien, ce n’est pas une
opposition technique mais une opposition de principe, j’oserais même dire une
position contra personae pour
reprendre du latin, langue moins morte que ces cadavres blêmes qui n’ont de
vivant que l’attestation qu’en donne l’état-civil. Ils s’opposent seulement
parce que je ne les connais pas, parce que je suis jamais venu, qu’ils sont
dans leur petit groupe, j’oserais même dire sur leur territoire pour faire
offense aux animaux qui traitent, eux, leurs rivaux avec bien plus de respect.
Et puis, je suis jeune aussi et forcément ça joue… et puis discuter pour quoi
au final ? de toute façon, je pourrais pas mettre d’eau… je vais attendre
qu’ils se tirent et puis on verra bien à
ce moment…
Quelques
instants plus tard, je suis dehors ( du sauna pas de l’établissement), sur le
banc à essayer de profiter de l’après-sauna. Et je surprends à mon égard
quelques airs de dédains, de l’étonnement, de l’interrogation. Déjà dans le
sauna je ne me sentais plus très à l’aise, mais la sensation semble ici
s’amplifier. C’est dingue, comment on peut se sentir étranger dans son propre
pays, comment on peut se sentir tellement en froid ( même dans un sauna) avec
ses compatriotes. Je me sentais tellement mieux dans un Sauna en Finlande
justement en compagnie d’étranger qui était bien plus sympa, accueillant et
chaleureux malgré leur réputation de froid : au sauna, les finlandais
m’adressaient même spontanément la parole en anglais. Je n’ai pas envie d’avoir
des contacts avec des étrangers, où que je sois, avec qui que ce soit :
qu’ils soient français, finlandais, tchèques, américains, je m’en fous, j’ai
pas envie d’être froid avec eux, j’ai pas envie d’être étranger avec, pas envie
d’être étranger à eux. Luis Rego a dit un jour « il y a de plus en plus
d’étrangers dans le monde ». j’en ai bien peur, des gens qui sont
étrangers les uns aux autres. Je demande pas de connaître leur vie, je suis
moi-même pas toujours bavard, mais juste du respect, de la compréhension, de la
tolérance. La xénophobie, ça peut exister avec des gens de même nationalité…
Mais alors ces
alsaciens… en plus fiers de l’être… j’ai discuté ensuite avec l’un deux (qui
soutenait celui avec lequel je me suis pris le bec au sujet de la fameuse eau
en question) qui a fait science po en son temps et s’offusquait qu’une des
université strasbourgeoise s’appelait Marc Bloch parce que ce dernier n’était
pas Alsacien… alors que pour une fac de science humaine, se nommer Marc Bloch
c’est plutôt un honneur, un gars qui a révolutionné la manière de faire de
l’histoire, a rompu avec l’histoire diplomatique, est sorti des faits pour
vraiment analyser l’histoire, établir des liens entre le passé et le présent…
il en vint même à conclure « l’Alsace
aux alsaciens »… quand je disais que je me sentais étranger dans cet
endroit, c’était pas pour rien…alors bon, on oublie qu’on est tourangeau, on
dit rien et on se dit que le silence, face à des paroles de plomb, est toujours
fait de plume… ajouté à cela que ce monsieur était un grand admirateur de
Pierre Pfimlin, centre droit, maire de Strasbourg de 1959 à 1983 et dernier
président du conseil de la IVème république, en voilà une chouette rencontre…
Bref,
je suis allé au sauna pour me détendre, retrouver de vieux souvenirs et je me
retrouver entouré de cons, à me prendre la tête avec eux… j’ai décidément connu
mieux en Finlande…
vendredi 14 décembre 2007.