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mieux vaut court que jamais #280

– tu l’aimes ma céramique murale ?

– oui, très.

– tu le trouves comment mon four à chaleur tournante ?

– très joli.

– tu la chéris ma plaque à induction ?

– oui fortement.

– et mon rail métallique pour couteaux à fixation sans trous, tu le trouves comment ?

– je l’aime beaucoup.

– donc tu l’aimes totalement mon plan de travail ?

– je l’aime suavement, sauvagement, exquisément.

Sur un air de Georges Delerue.

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Triste constat relevant de l’intemporel,

L’écrivain toujours en mal de postérité,

Fait son beurre des crises artificielles

Et choux gras des périodes d’austérité.

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Nul n’ignore les crises alimentaires qui se succèdent, toutes plus infamantes pour l’humanité les unes que les autres. Pas une espèce ne semble échapper au Prométhéisme à la mode de Caen et de Frankenstein. Seul le ver de terre, une fois encore se racornit un peu plus, ostracisé jusque dans les pratiques alimentaires nouvelles où l’équidé écope de son écot pour l’équité culinaire des hommes et où, le sage, à défaut d’apprendre à pêcher pour ne point donner de poisson, fournit les farines animales, triste ver de terre qui n’attend que son tour pour être nourri aux hormones, pris pour un bœuf ou drogué de Xanax.

mieux vaut court que jamais #221

Si les penchants culinaires de l’ogre pour les petits enfants sont bien connus de tous, il est plus surprenant de songer à la désaffection dont fait preuve l’ogre aux yeux de l’enfant. Il est surtout regrettable que les contes, dans un souci de moralisation et d’éducation, ne mettent l’accent sur ce manque de curiosité que l’on ne peut que noter de la part des enfants confrontés à cette infâme créature ogresque.

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Obsédée et obnubilée, elle n’avait plus que ces quelques mots mesquins à la bouche. Autant vous dire que depuis, elle ne mâchait pas ses mots.

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– on va les bouffer tout cru ! hurla enthousiaste ma dernière nièce de six ans.

Je rectifiai vite le tir, lui précisant qu’il ne faut pas dire « bouffer » mais « manger ».

Je pris le temps d’ajouter également, qu’en vertu du processus de civilisation que nous avons connu depuis de nombreux siècles, nous avons cessé de pratiquer toute forme d’anthropophagie, notamment depuis que nos moyens de subsistance sont confortablement assurés.

Elle me regarda alors penaude :

– on dit quoi alors pour insulter l’équipe adversaire ?

Fichu processus de civilisation !

mieux vaut court que jamais #68

Il paraît que cela a la saveur des sous-bois, la senteur des brindilles humides de la récente pluie, le délicat arrière-goût de la tourbe, la subtilité de la mousse poussant – à son insu – sur le dos du merisier commun. Les œufs d’escargots, l’or blanc de Bourgogne, auraient donc ce fumet, maelström de saveurs telluriques. Saisissant entre deux doigts délicats l’emballage de bâtons d’encens et dépassant du regard son appellation au lyrisme bucolique digne de Maurice Genevoix – « sous-bois aux senteurs de la fraîche averse » – un descriptif détaillant le programme olfactif se présente à mes yeux avides de nouvelles lectures. A cette brève lecture, il n’est qu’à constater que l’encens n’a décidément rien à envier aux œufs d’escargot.

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Après les poulets en batterie, on voit naitre les bœufs dans les boîtes de Petri. Bientôt pourra-t-on ainsi déguster le premier hamburger fait à partir de cellules souches de bœuf. Progrès technologique et solution aux émissions méthanées des bovins de chair et de sang certes, mais quid des bas-côtés des voies ferrées où nulle vache ne viendra alors plus ruminer au passage des trains, avec ce regard vide et aussi inimitable que le sourire de la Joconde ?

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La conversion progressive de l’alimentation humaine vers les alicaments ne sera pas sans conséquence pour nombres de secteurs économiques. Il n’est qu’à prendre l’industrie de l’ameublement qui devrait subir une véritable révolution. Quel sens, dans cette future société, accorder au concept de cuisine équipée, quand un simple semainier d’apothicaire peut faire l’affaire ?