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mieux vaut court que jamais #185

Sur le trottoir en quelques instants tout le paysage s’était métamorphosé. Plus rien ne semblait identifier le lieu, tout repère y avait été pour ainsi dire occulté. La rue n’était plus celle que l’on avait connu auparavant, avant que ces gros et gras gaillards ne se débarrassent de ces encombrants qui venaient dorénavant officier directement sur le trottoir.

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Il est indéniable que cette surface immaculée de toute trace de pneumatique peut faire rêver. Le goudron lisse et sombre ne reflète pas même le miroir éclairé de la midinette du rez-de-chaussée. Mais quid des pavés dont l’herbe avait fait son terreau ?

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Nullement ému par la disparition de toute forme d’abris et de cachettes qu’ils soient de type voitures à l’arrêt ou meublé abandonné, il n’en était au contraire que plus enthousiaste, à pouvoir, aux yeux de tous, dodeliner de la queue, qu’il avait noire comme le reste de son pelage, et ainsi mieux encore semer la terreur parmi ces quelques superstitieux.

mieux vaut court que jamais #149

La force de la figure mythique moderne ne peut s’inscrire dans l’imaginaire collectif que lorsqu’il a été incarné sous la forme d’un automate, posté grimé et immobile sur les artères et places des plus touristiques de nos modernes métropoles. La consécration d’Alien ainsi statufié vivant ne se fera qu’à cette condition-là.

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Le vendeur de roses à la sauvette s’étant fait si brouillon dans sa préparation, que ménageant que peu d’espace pour sa cargaison, il les avait toutes dans son cabas regroupées. Seul le mélancolique, amateur de roses fanées avant même d’éclore, trouverait l’achat valorisant.

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Le bouillant bistrotier du boui-boui d’en bas, embrumé des bals de la nuit, n’avait qu’à peine débarbouillé sa boutique de son rideau de fer, qu’il était pris d’assaut des premiers pépés venus, à la virulence avivée par les chaleurs de l’été.

mieux vaut court que jamais #115

Le regard au plus près du sol, il capte tous les pas de ses contemporains. Emmitouflé dans ses cartons, il les palpe du regard et décèle la moindre pointure. Parfois à la vue de ces escarpins, tel un devin du macadam, il annone, avec la précision du coucou suisse et sans la moindre erreur, la pointure de quelques gracieuses créatures.

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A la première roue venue, il se manifestait immédiatement, venait, aux devants du cycliste, s’enquérant de son droit de stationnement sur l’arceau prévu à cet effet. Interdit de mendicité, il se muait en péage social, requérant une redevance d’occupation du sol et du mobilier urbain.

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La canette reconvertie en cendrier, sorte de reproduction miniature du musée Guggenheim de Bilbao, trônait entre ses deux jambes écartées, dernière œuvre de ses mains mais que peu de passants n’osaient lorgner, sans que l’on n’en discerne précisément la cause : la sculpture ou la posture ?