Archive pour janvier 2014

mieux vaut court que jamais #473

Sous le auvent, de la pluie abritée, les trois mamies guettent les matous. Pas intrépides pour deux sous, les chats ne se risquent à sortir de leur tanière, même pour quelques croquettes. Ainsi, se poursuivra le face-à-face tant que de l’averse, le temps ne virera à l’éclaircie.

 ***

L’amateur amadoué par les moustaches du beau mâle, ému, le masse. Lui, se lèche les babines, qu’il remue comme un aliment qu’il mastique.

Précipitamment passe un moustique. Le chat déguerpit à ses trousses et l’homme demeure penaud, sans la chaleureuse fourrure.

***

Il s’émeut d’être mien,

Je l’étreins d’être mou,

Son ronron de félin,

Le secoue de remous.

mieux vaut court que jamais #472

La nervosité bouillait en moi,

Leste et proie de mes émois,

Le crayon céda sous mon poids.

***

Les nerfs, la pelote, et rebelote, dans les aiguilles je m’enferre.

***

En rage et en proie à une colère soudaine, toutes affaires cessantes, il prend la porte et bientôt s’enfuit dans l’escalier dont il descend les marches quatre à quatre. En bas de l’immeuble, la porte claque d’une violence qui n’est pas la sienne.

Effrayé, il regrimpe lentement les étages dégringolés.

mieux vaut court que jamais #471

L’épouvantail se jouait si bien des oiseaux qu’il n’en voyait plus le moindre ramage depuis belle lurette. Bientôt, il ne sut plus même les reconnaitre et en devint dépourvu d’efficacité.

***

Invariablement sort de son étui,

Dans la malédiction et la facétie,

L’impétueux et sombre parapluie ;

Pourtant des intempérie le messie.

***

Les pressions répétées sur la manette destinée à cet effet lui avait rendu la taille de ses 5 ans. Sur son fauteuil molletonné équipé d’accoudoirs cuir, le PDG faisait plus que jamais enfant gâté.

mieux vaut court que jamais #470

L’épuisement me guette. Pas au coin de la rue comme une forme sombre et inquiétante, adepte de la rapine et de la petite cambriole. Non au devers de l’oreiller, dans les heures où le sommeil me fuit par une porte dérobée.

***

La fatigue de l’ennui et de la monotonie que certains attrapent dans le canapé, quand jadis elle se cantonnait au siège ancien demeuré à l’ombre d’une lumière revêtue d’un vieil abat-jour, s’étend aussi à de nombreuses places assises, des tramway aux métros en passant par des salles obscures trop modernes pour visionner un film ou des théâtres trop à la mode pour tenir éveiller.

***

De ses longues heures,

Enlaçant âme et cœur,

La sombre langueur

Se fait alors marqueur.

mieux vaut court que jamais #469

La vie t’oppresse,

Oh presque rien,

Elle s’empresse ;

Filtrée des reins,

Du vin de messe,

Il ne restera rien.

 ***

Dans la masse, certainement quelques hystériques, schizophrènes ou autres malheureux atteints de profonds maux. Mais lesquels sont-ils ? Comment savoir auquel s’adresser pour se rassurer sur son propre état mental à peu de frais ?

En plus, agoraphobe à la petite semaine, je ne songerais m’immiscer dans cette foule.

 ***

Le mur de l’hospice est poreux. Pour peu qu’on y tende l’oreille et sent-on le quand-dira-t-on de l’intérieur. L’extérieur s’y épanche aussi et que les fous se penchent au dessus du mur et se sentent-ils déjà les ailes de l’ailleurs.

Les pierres réceptacles des deux mondes, font la symbiose des sens.

mieux vaut court que jamais #468

– J’ai affreusement mal dormi cette nuit.

– Y a pas une lune ?

– Non juste le voisin du dessus.

***

S’il ne déménage pas quotidiennement – et souvent nuitamment – le voisin du dessus reprend la disposition de son intérieur ou s’assure de l’essorage parfait de son linge. Il n’est pas un voisin du dessin qui n’use, pas à sa manière, de la puissance de nuisance sonore des chaussures. Le voisin du dessus est toujours un sale type quand celui du dessous est le type que l’on ignore.

***

De loin, entends-je crier « eh c’est mon voisin ». Trop tard, j’étais déjà trop loin pour m’assurer de l’équivalence de voisinage. Celle-ci est pourtant difficile à déceler dans ma posture d’ermite d’immeuble, faisant de mes apparitions dans la cage d’escalier celles d’un fantôme s’extrayant de son clapier pour déguerpir au plus vite.

Un sixième sens sans doute ou une alcoolique méprise.

mieux vaut court que jamais #467

L’innovation technologique ne trouvera son plein aboutissement que lorsque nous pourrons nous éviter tous les affres de la vie quotidiennes. Je n’en attends pas moins de la génétique pour enfin réussir l’intégration du gène de la carpe dans le génome du coiffeur.

 ***

Elle me rase une patte sur la joue gauche; je tends alors l’autre joue.

 ***

Voulant se confronter aux discriminations, l’homme chauve mais acharné continuait à fréquenter les salons de coiffure à demander son brushing. Tant qu’on lui tarifait l’entretien de son crâne au prix du brushing, se sentait-il satisfait et reconnu comme n’importe quel autre client.

mieux vaut court que jamais #466

– Comment on fait pour devenir Cyclope me demandait l’autre jour ma nièce ? Est-ce que quand on perd un œil, on a le droit de replacer le restant au milieu du front ?

 ***

Il avait l’œil, le bougre. Quoi que je fisse, il se trouvait, à travers un interstice, à suivre le moindre de mes mouvements. Les rayons clairsemés s’avéraient même être de précieux atouts pour ne pas me laisser sortir de son rayon de surveillance.

Tant et si bien, que je ne voyais d’autres alternatives que de commettre le larcin qui justifierait enfin son espionnage abusif.

***

La rétine de sa webcam, rougie, non par l’émotion mais par sa simple activation, m’émouvait jusqu’au plus profond de mon être.

A tel point que j’en balbutiais mes paroles, que le maniement des touches du clavier ne parvenait qu’à aggraver encore un peu plus.

mieux vaut court que jamais #465

A défaut de réduire les cotisations patronales et d’inciter aux rassemblements institutionnels entre régions ou entre département, notre président ferait sans doute mieux d’inciter à la fusion interprofessionnelle, permettant la mutualisation de nombreux services et pouvant inciter à l’embauche de personnels polyvalents.

 ***

Je ne renâclerais personnellement pas à me rendre chez un coiffeur-médecin généraliste. Le gain de temps pour l’honnête homme que je suis ne serait pas négligeable, notamment en gagnant un précieux temps dans l’attente de l’imminence des rendez-vous.

 ***

Les consultations simultanées ne se prêtent certes pas à toutes les pratiques médicales, mais des temps d’alternance entre médecine et soins, ne sauraient être à déplorer lorsque ces médecins sont auscultent comment certains mangent avec un lance-pierre.

mieux vaut court que jamais #464

Sans la nuance, dans les nues il se lance, éclatant son corps au cru de la lumière, au cœur des cieux, il s’en balance.

 ***

Radical, dans l’ennui du bercail dont il ne regrette jamais la percale, sa vie s’écaille sans concession au souffle de la fusion.

 ***

Sans relâche, dans la vie qu’il mâche à pleine dent, sans qu’elle sache, elle, comment il en sortira indemne, il sème de tous ses sens son existence.