fables modernes #111 : la pègre et les peignoirs
Sur les trottoirs qu’ils arpentent,
A surveiller leurs affaires
Et parfois leurs filles absentes,
La pègre exploite la misère.
Du bitume, qu’ainsi ils hantent,
Ils accroissent leurs salaires,
Se constituant cette triste rente,
Sans même s’en donner l’air.
Les pauvres âmes errantes,
Réduites à toujours se taire,
De leur exploitation évidente,
En porte les maigres affaires.
De leur vêtures affriolantes,
Pour au chaland donner à plaire,
Leur générosité, si béante,
Rejaillit au-delà de leurs fers.
De leur démarches lentes,
Que coiffe le regard sévère
De la contrainte amante,
Ainsi les entrailles les serrent.
Alors involontaires bacchantes,
Certes loin de toutes guerres,
Leurs corps qu’elles ne sentent,
Ne leur appartient plus guère.
Il n’est plus d’yeux pour leur fente,
Que le mesquin œil de verre
Du médecin quand elles enfantent,
En tâtant jusqu’à leurs ovaires.
Peignoirs qu’alors elles vantent,
Prennent-elles ainsi le vert,
Loin des boulevards et des sentes,
Pour se découvrir mères.
La pègre, organisation rampante,
Volatile comme un amas d’éther,
S’aigrit comme elle s’aimante,
Diffusant ses miasmes délétères.