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mieux vaut court que jamais #307

Si le soleil se lève et se couche, la nuit, de son côté, toujours, tombe. Comment voulez-vous ainsi que la nuit des méfaits soit déliée et qu’enfin à quelques bienfaits soit-elle associée ? Le soleil personnifié incarne la noble journée de l’Homme tandis que la nuit ne se résume qu’à la brutalité d’une chute, dont on entendrait presque bruire le vacarme, celui de la sourde douleur qu’elle produit, de la néfaste surprise du rideau chutant malencontreusement.

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Tandis qu’au loin la lune veille,

La coiffe dans le chèvrefeuille,

La donzelle à chevelure vermeille,

Au sommeil, cède-t-elle au seuil.

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Le somnambule ne s’extasie que trop rarement sur sa prouesse renouvelée régulièrement, trop occupé qu’il est à meubler ses nuits d’activités insensées et insipides, mornes et désespérées, fades et inintéressantes. Si bien qu’on ne peut que lui donner raison.

mieux vaut court que jamais #250

Ce qu’on ne réussit à vivre la journée finit soit dans les rêves pour les plus chanceux, soit dans des nuits infernales où les pensées s’enchaînent comme un collier de nouille. Les nouilles collant et ayant cette fâcheuse tendance au gambergement nocturne, cela ne peut qu’aboutir à la formation d’un agglomérat d’idées dont on n’arrive à se défaire, dont on n’arrive à démêler l’écheveau. Le collier de nouille, cadeau stérile par excellence, se construit alors de pensées sauvages, de ces pensées se sentant généralement pousser des ailes la nuit venue et s’en donnant à cœur joie, n’hésitant pas en gambader en tout point de nos cerveaux assaillis, en état de léthargie qui les empêchent de réagir. Le surmoi est un animal diurne. Alors passé le crépuscule les idées refoulées ne se privent pas pour rentrer dans la boite de nuit, le vigile n’est plus là pour en garder l’entrée.

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Dans le creux de ses bras, s’évanouissent les terreurs du jour, les aigreurs et les déconvenues. Il n’est qu’un geste maladroit pour écarter malencontreusement son corps chaleureux et clore cette journée sous le pire des présages, loin de son accueillant corsage.

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Dans la brume de la nuit, sous les blafards luminaires de la ville, le chat noir se faufilait fiévreusement, se jouant des lueurs pour mieux effrayer les passants. Il n’y avait pourtant pas plus de quatre heures qu’il se confondait ainsi avec la nuit, non qu’il s’agisse là du moment où la nuit était alors tombée, mais bien plutôt du moment où était tombé un lourd amas de suie que deux ramoneurs venaient d’extirper d’une cheminée. Le jour avait-il ainsi été blanc comme neige, de celle qui tombait alors sur la ville.

mieux vaut court que jamais #191

Dans l’égarement récurrent de Morphée dans l’irrégularité du cadastre bordelais, me plongeant moi-même dans les errements des chemins du sommeil, je ne désespère généralement pas de trouver moi-même l’orientation idoine, multipliant les positions dans le lit, songeant qu’ainsi je ferais meilleure route. Etrangement, il m’est arrivé à plusieurs reprises d’adopter une curieuse posture où la main gauche venait prendre position sur mon cou. Pourvu que ma main ne soit pas saisie d’une inextinguible crampe, ce serait regrettable de se plonger dans le trépas de ses propres mains en même temps qu’à son insu.

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L’apprentissage du sommeil en collectivité restreinte et socialement approuvée – à savoir à deux – n’est pas une mince affaire. Si de nombreux guides ont pu être publiés afin de fournir aux amants les postures adaptées, il n’en est aucun conseil qui ne nous sied à ma compagne et moi-même. Peut-être devrais-je préciser qu’en somnambules avérés, nous avons cependant la possibilité de changer de lieux en cours de nuit, ce qui rend la tâche parfois plus aisée, faisant de la fuite une position tenable.

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Le hululement lugubre de la chouette toute la nuit durant, moi sommeillant dans ce manoir inquiétant ne me fit guère l’effet de frayeur attendu, mais vint développer chez moi une forme soudaine d’empathie pour le mulot qui, saisi de terreur par ce prédateur nocturne, avait cessé de ronger la plainte du mur.

mieux vaut court que jamais #66

En fin de soirée, siégeant mollement sur le parapet, le jeune premier éconduit se mue en jeune déprimé.

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Entre chien et loups les déments songent jusqu’à en devenir des mensonges.

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Dans les sombres caves, ses faux cils incurvés, couronnant ses yeux rendus plus lumineux par l’artifice d’une lentille luminescente que venaient titiller les projecteurs, oscillaient furtivement donnant aux globes oculaires une image accélérée des mouvements lunaires.