fables modernes #33 : le drap et le sparadrap

Quand aux heures sombres de la vie,
Il n’est plus aucune sorte d’envie,
L’homme qui jadis se réfugiait en caverne,
Aujourd’hui, sous les couvertures, hiberne.
Tel serait ainsi le monde que se figurait
Cet amant éploré que rien ne revigorait.
C’était la triste vérité de cet homme
Qui s’était amouraché, en somme,
D’une céleste créature dont les charmes,
Faisant jusqu’à l’Olympe résonner terrible vacarme,
L’avait conduit sur un leste nuage à nager,
Avant de l’éconduire sans le ménager.
Ses délicates ailes qui l’avait d’abord transporté
Dans l’amour et dans les airs ne pouvaient le supporter,
Le laissant conséquemment à la merci des éléments,
Qui se gardèrent cependant de le lâcher violemment.
L’épargnant dans une chute qui put être mortelle,
Les ailes s’étaient muées sur ses bretelles
En parachute, venant rendre son retour sur terre
Et l’abrupte chute, similaires à ceux du coléoptère.
Il n’était pour autant sans compter sur ses yeux,
Qui, de l’endroit où ils étaient, ne fixaient que les cieux
Où, à défaut d’y apprécier les rayons de soleil radieux,
Ne se mouillaient que du grain de remords odieux.
Il n’était alors plus pour lui qu’à trouver lieu où choir,
Lieu où couvrir ce visage qu’il ne saurait voir.
Afin de demeurer à l’abri de la lumière,
Et de rendre le moelleux à ses prières,
Nul autre endroit que le délicat de ses draps
N’eut put faire office au cœur de sparadrap.
 
 
Sans même faire de longue psychanalyse,
Il n’est qu’à voir dans le lit qui paralyse,  
L’exorcisme de l’autre lit qui électrise,
Rendant alors la mine triste et grise. 
  1. No trackbacks yet.

Laisser un commentaire