mieux vaut court que jamais #487

Il est considéré par certains que la boulette serait une invention culinaire universellement partagée par toutes les cultures, une recette dont les variations assureraient les adaptations qu’on en connaît et lui donnerait alors toute sa diversité. Cela tiendrait selon nombre d’analyses à sa forme de boule, elle-même inspirant les hommes tout autour du globe.

J’attends toutefois que l’on puisse corréler tout cela à l’invention de la roue pour réellement crier au génie culinaire de l’être humain comme on lui reconnaît sa maîtrise de la technique.

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Face à la terre ronde, si gironde,

Dans sa bulle délétère, phylactère,

Il rêve d’histoires, vieux grimoires,

Elles irradient comme une onde, si féconde.

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Dans la lumière, qui le regard soûle et l’âme nous enivre, replié sur lui-même, le chat somnole. Ne se faisant plus mariole autour de quelques babioles, le chat en boule se lèche les babines du soleil.

mieux vaut court que jamais #486

Depuis que j’ai installé cet écran géant de projection et le vidéo-projecteur qui va avec dans ma chambre à coucher, mes rêves prennent une autre dimension, ainsi projeté avec une meilleure résolution. Peut-être enfin résoudrais-je ainsi le mystère de ce rêve sans fin où je chute dans le même puits supposément lui aussi sans fin jusqu’à ce que la clé de la margelle me soit donnée des mains d’un nain qui cultivait de l’aneth.

Dans le mouvement du rêve, la haute résolution était tellement plus agréable.

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On s’interroge souvent sur la perte de vitesse du souhait enfantin de devenir par exemple pompier sous la pression des images médiatiques de ces pauvres bougres que l’on caillasse en banlieue alors qu’ils viennent à la rescousse de la veuve et de l’orphelin. En lieu et place on constate que de nombreux bambins se voudraient être sportif de haut niveau avec l’avantage professionnel des milliards en poche. Mais la veuve et l’orphelin aiment à se délecter de belles images de success story d’enfants de milieux populaires ayant percés dans les plus hautes sphères du sport.

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A quand la prochaine prescription de diététicien en manque de recette miracle à base de stimulus cérébraux pour venir parasiter l’inconscient des patients à qui, durant le temps de sommeil, on répèterait, de manière imagée, le précepte qui veut que « qui dort dine », afin de faire taire en eux un insatiable appétit, pour qu’une fois éveillé ils ne songent plus même à s’alimenter ?

mieux vaut court que jamais #485

Les voyant circuler depuis quelques temps déjà, ces fiers policiers juchés sur leurs segways, j’en saisis enfin l’intérêt à ainsi réaliser leurs déplacements, les voyant réprimander quelques jeunes skaters. La logique d’intervention publique nécessitait un parallélisme des formes, ainsi sont-ils au même niveau que la jeunesse, usant de quelques artifices techniques, qui plus est, roulants.

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Son devoir accompli, le policier reposa son képi au clou. Décrépi par tant d’années de services, il chut au sol, comme perdu.  Nul besoin de le ramasser, il s’en cogne. Le couvre-chef lui aussi a pris sa retraite.

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Les pognes au fond des poches, le policier – du type pervenche farouche et persévérante – sous le soleil naissant du printemps, flâne et laisse filer au vent les contraventions qu’il ne mettra pas de jour. Il fait ainsi son service buissonnier.

mieux vaut court que jamais #484

Vouloir faire du jeunisme à coup de lunettes branchées et de pantalons moulants : Est-ce véritablement ridicule quand on peut pratiquer les injections botox et collagène ou est-ce alors devenu le summum de la distinction ?

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La mode est à l’expérience pseudo scientifique ou journalistique à forte teneur en technologie. On se gausse de quelques dispositifs destinés aux plus démunis que l’on incite à l’usage des réseaux sociaux et autres dispositifs technologiques en vogue. Reste à savoir quelle misère cela permet de mettre en avant, celle des moins fortunés ou celle intellectuelle de ceux qui croient aux foutaises de la futilité technique.

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Sa pédanterie marquée par le « name droping » prit fin, quand sa bouche se prit les pieds dans le tapis d’un auteur imprononçable.

mieux vaut court que jamais #483

Les lignes, tout comme les langues, se délient. Les liens se défont. Son mépris m’étreint et bientôt me fait échapper un cri. Ce qu’elle écrit me révulse et me révolte.

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Bientôt l’heure du vote, mais quoiqu’il arrive elle demeurera droite dans ses bottes, de celles qui martèlent le sol et y foulent l’homme et ses idéaux.

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Nulle grotte ne saurait contenir enfouies les paroles de haine et de mépris qu’elle profère, échos d’une atmosphère délétère qui partout méprise pour traiter la misère.

mieux vaut court que jamais #482

Déjà qu’il sifflotait, mais en plus ne le faisait-il que faussement et en reprenant un fameux air du « pont de la rivière Kwaï » qui m’horripilait plus que tout. M’apprêtant à l’égorger, je me retrouve plaqué sous l’oreiller.

Passons le mauvais rêve déplaisant en tout point, mais si en plus il faut qu’on se fasse lyncher au réveil…

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Déjà dans les travées du fastueux théâtre à l’italienne se murmurait-il que la diva en avait une, tant et si bien que tous feuilletaient les pages du programme et, s’attachant à son nom dans la présentation de l’œuvre, tâchait de l’en rattacher à ce qui pourrait être son nom usuel occultant jusqu’à son entrée en scène.

Les bruits qui courent sont hélas plus prompts que ceux qui se chantent.

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Et toutes ces menues opérations que l’on décide au bruit. Une pédale de vélo qui claque sous le pied, un robinet qui goutte dont on entend le bruit sourd sur la planche de bois, une table bancale qui cogne furtivement sur le parquet… qu’un jour nous soyons tous équipés d’oreillettes à jouir qui de musique, qui de podcast, et on se trouvera être de bien piètres réparateurs.

mieux vaut court que jamais #481

D’ambitieux qu’il était habitant de Saint-Genouph, il voulait être résident d’Elbeuf. Se gonflant de ce tiède orgueil, il éclata de son hybris sans même de la ville attendre le seuil.

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Grimpant les échelons, le vaniteux en avale quatre à quatre les barreaux tant et si bien qu’au sommet atteint, il ne lui reste plus comme issue que la chute.

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Oui certes, à s’illusionner d’un destin grandiose, Icare s’était brûlé les ailes.  Mais on oublie de se demander si finalement il ne faisait pas fausse route en pareille excursion et qu’il n’eut été tout bonnement inutile d’en aller rejoindre l’étoile solaire. Plus que grisé de sa capacité hors-norme, Icare était surtout étonnamment à côté de la plaque.

mieux vaut court que jamais #480

Du bout des bois, le cerf effeuillait et sectionnait les branches des arbres déjà bien décharnés par l’hiver. Bois vivants ou bois mort, la vie gagne toujours.

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 De sa gueule de bois, il beugle la voix.

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Perdu dans le famélique sous-bois, l’homme des bois se trouvait le regard penaud, comme vexé de se sentir réduit à l’état de sous-homme des sous-bois. Tant de sous le mettant hors de lui.

mieux vaut court que jamais #479

Sous la verrière, se vident les verres. Son âme s’évide sans le souffle du vent.

Si l’averse s’immisce, elle se ravise.

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Son esprit embué,

Sans lingettes,

Les neurones perlaient.

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L’esprit frais, les volutes de son cœur ravivèrent ses sens délétères.

mieux vaut court que jamais #478

– tu l’aimes mon ergonomie astucieusement pensée pour un meilleur confort d’usage?

– oui, très.

– tu les trouves comment mes fonctionnalités multiples facilement accessibles?

– très jolies.

– et ma surface douce au toucher?

– je l’aime beaucoup.

– donc tu l’aimes totalement mon clavier multimédia sans fil ?

– je l’aime chaleureusement, tendrement, tactilement.

Sur un air de Georges Delerue.

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Ses petites enceintes crachaient un son si méconnaissable qu’il faisait plus appel à des qualités d’imagination que d’écoute musicale.

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La souris sans fil ne savait plus où donner de la tête. L’appendice filaire à la fois tête et queue, donnait à l’outil une forme, un sens et une morphologie. Le fil coupé, n’était-elle plus qu’informe, source de mouvements pouvant s’orienter en tout sens. Elle avait perdu sa polarité.